Dahan ta face !
Qui prouve chaque vendredi que le cinéma à la télé, ce n'est pas que du cirage de pompe promotionnel pour blockbusters frelatés et comédies françaises pitoyables ? On parle bien sûr de Yannick Dahan et de son incroyable émission Opération frisson !Christophe Chabert
Installé depuis 4 ans dans un vidéo-club qui fait figure de bunker pour résister à l'invasion inéluctable de la pensée light et du yaourt critique, Yannick Dahan, son crâne d'œuf et son fabuleux accent du sud-ouest déversent une saine et libre parole sur le cinéma tous les vendredis soirs. Ça se passe sur le câble, bien entendu, et ça s'appelle Opération Frisson. Dahan, qui a fait ses armes à l'écrit du côté de Positif et surtout de Mad Movies, intègre le bouquet Ciné Cinéma pour une éphémère, mais déjà géniale, émission sur les sorties DVD. Surprise : l'ami n'hésite pas à y dézinguer les disques qu'il chronique, fustigeant films surestimés et éditions pourraves. Un franc-parler qui traduit une sincérité et une intégrité d'autant plus admirables que Dahan écrit ses textes à la perfection, sans oublier ses parties improvisées souvent à hurler de rire, qui ressemblent aux discussions qu'on peut avoir avec ses potes cinéphiles un samedi de cuite entre 2 et 4 heures du matin.«Give me the DVD's, you punk motherfucker !»Dahan aime : le cinéma de genre, les nanars avec des yakayos, les jeux vidéo, la picole et les métaphores assassines... Un sommaire d'Opération frisson, c'est un mélange de films gores, de polars hardcore, d'actionners bourrins, de daubasses débiles, de jeux vidéo ultra-violent, de séries Z direct to DVD - termes conformes au parler-Dahan ! Chaque chronique est goupillée à coups d'extraits de films, de trucages rudimentaires et d'effets sonores, Dahan alternant analyse argumentée et grand n'importe quoi hilarant où il s'adresse à l'équipe derrière la caméra, les réalisateurs préférant monter les scènes ratées et les dérapages plutôt que les moments lisses et proprets. On a même vu l'année dernière un Opération frisson stupéfiant où Dahan recevait dans son antre le médiocre Louis Leterrier, victime consentante et ravie d'un démontage sans compromis de ses nanars produits par Besson. Critique exceptionnel, animateur ultra-charismatique, Dahan est surtout un gars avec des cojones comme ça, qui n'hésite pas à rentrer dans le lard de tout ce qui a tendance à contraindre les esprits : puritanisme, cynisme commercial, politiquement correct, fascisme rampant, et même ces foutus attachés de presse qui sont censés nous faciliter la tâche et qui préfèrent nous mettre des bâtons dans les roues. Derrière la bonhomie joviale et les coups de gueule bien sentis, se cache en fait un humaniste épris de liberté, véritable trublion dans un PAF qui ne considère plus le cinéma que comme une manière d'achalander sur les plateaux des pseudo-stars pour faire de la retape. Vengeance !Opération frissonSur Ciné Cinéma Frisson le vendredi à 20h35En podcast sur www.cinecinema.fr