Paprika

Publié Mercredi 20 décembre 2006

De Satoshi Kon (Japon, 1h30) animation

Photo : Pretty Pictures

«Les rêves nocturnes sont des courts métrages artistiques, les rêves matinaux des longs métrages de divertissement». Cette phrase tombe au bout de cinq minutes d'une intro ébouriffante, où l'un des personnages principaux de Paprika s'est engagé dans une course-poursuite onirique résumant le film à venir - un mix particulièrement osé entre claque artistique et pur divertissement (l'animation, littéralement monstrueuse, en remontrerait presque à Miyazaki lors des séquences de la "parade"). Le fil narratif (le vol d'une machine permettant de contrôler les rêves) autorise son auteur à prolonger ses travaux précédents (voir le numéro de la semaine dernière), et donc à rétrécir les frontières entre fantasmes et réalités. Satoshi Kon mélange une intrigue reflétant parfaitement son univers graphique tortueux à des éléments à même de séduire le plus grand nombre. Le fait qu'il intègre pour la première fois le casting vocal d'une de ses œuvres n'est d'ailleurs pas anodin, le rôle qu'il s'attribue encore moins (un serveur du bar Radioclub, lieu de transition entre deux mondes). Même si l'on a une foi absolue en son auteur depuis son premier long, Paprika est un bijou inespéré dans le paysage d'une animation nippone en pleine ébullition. Un trip irrésistible, gorgé de digressions prolongeant l'expérience de façon jouissive. Un émerveillement continu de la rétine, nous confirmant une nouvelle fois que le Japon est LE pays de référence dans le domaine de l'animation. Oh, et si vous suspectez les rédacteurs du PB de complaisance douteuse avec tout ce qui vient d'Asie, nous vous enjoignons cordialement à enchaîner The Host et Paprika (projetés tous deux au Méliès), et à venir nous en recauser après. FC