Hors jeu
de Jafar Panahi (Iran, 1h28) avec Sima Mobarak Shahi, Safar Samandar...
Cinéaste jusqu'ici connu pour ses films désespérés sur la société iranienne (Le Cercle, Sang et or), Jafar Panahi surprend avec Hors jeu qui, sans renier sa vision très critique, adopte un ton beaucoup plus léger. Tour de force technique (le film a été tourné en une seule journée, celle du match qui vit l'équipe de foot iranienne se qualifier pour la Coupe du Monde en battant le Bahrein), Hors jeu suit une jeune fille déguisée en garçon, qui tente d'entrer dans le stade, interdit aux femmes. Elle se fait gauler et se retrouve parquée dans un enclos improvisé avec d'autres camarades d'infortune, surveillée par de jeunes militaires qui pensent soit au match, soit à la quille prochaine. Le propos est clair : tous les personnages sont des victimes de la loi, tous jouets des archaïsmes d'une société sourde à une réforme nécessaire. Panahi a l'intelligence de ne jamais être didactique, toujours dans le mouvement des dialogues et des situations, souvent très drôles, jusqu'à l'échappée finale dans la liesse populaire où les genres, les âges et les rôles se mélangent enfin, moment de liberté qu'on imagine vite réprimé une fois la fête finie. Mais ça, c'est une autre histoire, un autre film... CC