Happy feet

Publié Mercredi 13 décembre 2006

de George Miller (EU, 1h37) animation

Le réalisateur de Mad Max signant un film d'animation virtuelle sur des pingouins qui chantent et qui dansent, voilà qui peut surprendre de prime abord. Mais l'ami Miller avait déjà œuvré pour le jeune public dans son précédent et excellent Babe le cochon dans la ville. Happy Feet, toutefois, ne renouvelle pas l'exploit ; bien entendu, le film est visuellement impressionnant, et le casting de voix (enfin, dans la VO), regroupant Hugh Jackman, Elijah Wood, Nicole Kidman, Hugo Weaving et Robin Williams, est du genre classieux. Mais Happy Feet ne sait jamais franchement sur quel pied danser : au début, c'est un peu Moulin Rouge rencontre La Marche de l'empereur, une comédie musicale à base de tubes soul, funk et hip-hop (Grandmaster Flash, rien que ça !) reprenant dans les grandes lignes l'histoire de Luc Jacquet. Ensuite, c'est une romance compliquée doublée d'une métaphore anthropomorphique pleine de références communautaires (les pingouins chicanos, juifs, évangélistes, handicapés...) dont on ne sait trop si c'est du lard (du Pixar en moins bien) ou du cochon (un truc calibré pour satisfaire l'identification de chaque kid ricain). George Miller semble quand même mettre son poing dans sa poche et faire beaucoup de compromis, ce que confirme la dernière partie, la plus intéressante mais la plus brève aussi, qui marque un brutal changement d'optique : capturé par les humains et enfermé dans un zoo, le héros pingouin perd la parole et redevient un pur animal, ainsi que le véhicule d'un message écolo un peu lourd (le WWF est partenaire du film). Miller trouve ici les plus belles idées de cinéma, retrouvant un temps le ton assez noir de Babe. Ce qui rend d'autant plus rageant le happy end d'Happy Feet, ultime numéro de claquettes d'un cinéaste qu'on aimerait quand même bien voir revenir à des films adultes, un de ces quatre...Christophe Chabert