Happy feet
de George Miller (EU, 1h37) animation
Le rĂ©alisateur de Mad Max signant un film d'animation virtuelle sur des pingouins qui chantent et qui dansent, voilĂ qui peut surprendre de prime abord. Mais l'ami Miller avait dĂ©jĂ œuvrĂ© pour le jeune public dans son prĂ©cĂ©dent et excellent Babe le cochon dans la ville. Happy Feet, toutefois, ne renouvelle pas l'exploit ; bien entendu, le film est visuellement impressionnant, et le casting de voix (enfin, dans la VO), regroupant Hugh Jackman, Elijah Wood, Nicole Kidman, Hugo Weaving et Robin Williams, est du genre classieux. Mais Happy Feet ne sait jamais franchement sur quel pied danser : au dĂ©but, c'est un peu Moulin Rouge rencontre La Marche de l'empereur, une comĂ©die musicale Ă base de tubes soul, funk et hip-hop (Grandmaster Flash, rien que ça !) reprenant dans les grandes lignes l'histoire de Luc Jacquet. Ensuite, c'est une romance compliquĂ©e doublĂ©e d'une mĂ©taphore anthropomorphique pleine de rĂ©fĂ©rences communautaires (les pingouins chicanos, juifs, Ă©vangĂ©listes, handicapĂ©s...) dont on ne sait trop si c'est du lard (du Pixar en moins bien) ou du cochon (un truc calibrĂ© pour satisfaire l'identification de chaque kid ricain). George Miller semble quand mĂŞme mettre son poing dans sa poche et faire beaucoup de compromis, ce que confirme la dernière partie, la plus intĂ©ressante mais la plus brève aussi, qui marque un brutal changement d'optique : capturĂ© par les humains et enfermĂ© dans un zoo, le hĂ©ros pingouin perd la parole et redevient un pur animal, ainsi que le vĂ©hicule d'un message Ă©colo un peu lourd (le WWF est partenaire du film). Miller trouve ici les plus belles idĂ©es de cinĂ©ma, retrouvant un temps le ton assez noir de Babe. Ce qui rend d'autant plus rageant le happy end d'Happy Feet, ultime numĂ©ro de claquettes d'un cinĂ©aste qu'on aimerait quand mĂŞme bien voir revenir Ă des films adultes, un de ces quatre...Christophe Chabert