Requiem
de Hans-Christian Schmid (All, 1h33) avec Sandra Hüller, Burghart Klaussner...
Sur le papier, Requiem se présente comme une version de L'Exorciste filmée à la manière de Derrick, ou autre feuilleton batave pour grabataires roupillants. Hans-Christian Schmid s'inspire (mais ne peut le revendiquer) de l'histoire d'Anne-Lise Michel, dont les parents chrétiens chtarbés pensaient qu'elle était possédée par le démon et lui firent subir un exorcisme mortel. En scope et caméra à l'épaule, à la manière de Lars Von Trier dans Breaking the waves, le cinéaste restitue l'affaire dans toute sa dimension clinique en ne quittant pas des yeux son personnage principal. Un seul effet spécial lui suffit alors : l'extraordinaire interprétation de Sandra Hüller, qui fait souffler sur ces années 70 prises entre révolution des mœurs et résidu de religiosité aveugle un vent de violence compulsive et de désir en ébullition. Schmid a la louable intelligence de se mettre à l'unisson de cette actrice prodigieuse, surtout quand le film s'embarque dans des scènes où l'enfer est surtout domestique, tenant sa note jusqu'au malaise. C'est sûr, si on pense se taper une série B bien gore et flippante, mieux vaut s'abstenir, car le film est d'une rigueur presque bressonienne (pas de musique sinon quelques 45 tours d'époque dans les booms, une lumière crue et naturaliste). Par ailleurs, le réalisateur se refuse de conclure, laissant ouverte pour le spectateur la perspective d'une accalmie, préférant un discours apaisant (les parents feraient mieux de s'occuper de leurs enfants plutôt que de prier Dieu) plutôt qu'une charge anti-religieuse. Bref, un bon film pour se détendre en famille en fin d'année - on déconne, pour ça, y a Coco Besson qui découvre le virtuel et les pingouins qui puent des pieds...Christophe Chabert