Plus court et plus visuel
Recentré et redimensionné, le festival du film court de Villeurbanne cherche aussi à retrouver sa singularité initiale : priorité aux films audacieux et visuellement maîtrisés.Christophe Chabert

Photo : Pierre Richard dans Dérives de Bill Barluet, en compétition francophone
Pour beaucoup, c'est une bonne nouvelle : finies les projections du festival du film court au Centre Culturel de la Vie Associative de Villeurbanne, ce qui permettra d'entendre enfin les dialogues des films sans qu'ils se perdent dans un écho sépulcral ou qu'ils soient couverts par le ronronnement du projo. Recentré au cinéma Le Zola (avec toujours des projections à la Rotonde de l'INSA), le festival est aussi dorénavant concentré sur une semaine, par prudence économique nous dit-on. Le festival garde cependant son intégrité : les traditionnels programmes hors-compétition sont toujours bien là , et ils démontrent pour cette 27e édition une certaine niaque. On en jugera par cette longue nuit du film court entièrement belge, avec en plus des bières et des frites à l'entracte, de purs chefs-d'œuvre du genre (Chambre froide d'Olivier Masset-Depasse, Tous à table d'Ursula Meier - Grand Prix à Villeurbanne en 2002, Quand on est amoureux, c'est merveilleux de Fabrice «Calvaire» Du Welz, ou deux films du nouveau copain des Grolandais Delépine et Kervern, Bouli Lanners). Idem pour le programme expérimental, formellement interdit aux moins de 18 ans puisqu'il n'y aura que du sexe malmené (par les cinéastes !) sur l'écran.Des images plutôt que des discoursRestent alors les différentes compétitions. On sait les difficultés créatives traversées par le court français depuis quelques années (omniprésence du film à sujet, pauvreté de la recherche esthétique...). Visiblement, le festival a profité de sa micro-révolution pour prendre le contre-pied de ces clichés-là . Au vu d'une douzaine de films (sur 22) qui y seront montrés, la compétition francophone a choisi de privilégier des œuvres qui n'ont pas peur d'être belles et des cinéastes qui ne craignent pas de raconter leurs histoires avec des images (de la fiction pure au documentaire). Au risque d'un certain formalisme ou d'un étalage trop ostensible de leurs influences (Gus Van Sant ici, Le Retour là )... Par ailleurs, cette compétition sera aussi très... lyonnaise, puisque les frères Rifkiss y présenteront leur nouveau film, Recrue d'essence et Samuel Hercule (co-réalisateur du glorieux Principe du Canapé) Le Suicide du Ventriloque. Quant à Safy Nebbou, originaire de Villeurbanne, il revient au court après son premier long métrage (Le Cou de la girafe) avec Une naissance, un joli film sur l'enfance d'Ingmar Bergman. Pour terminer, signalons que la compétition européenne (en général de haut niveau) accueille en son sein Sniffer, dernière Palme d'or du court métrage à Cannes. Ce film norvégien signé Bobbie Peers rivalise, par sa capacité à provoquer dans le même mouvement sidération visuelle et réflexion flippante sur le monde moderne, avec les œuvres de son voisin suédois Roy Andersson. Juste pour voir ça, la visite à Villeurbanne est cette année impérative !Festival du film court de VilleurbanneDu 17 au 26 novembrewww.lezola.com