Mon Colonel
de Laurent Herbiet (Fr, 1h51) avec Olivier Gourmet, Sagamore Stévenin, Cécile de France...
Écrit et produit par le couple Gavras, ce premier film d'un assistant réalisateur au CV béton pèche par... son scénario ! L'idée (ajouté au livre de Francis Zamponi) de raconter l'histoire à travers un va-et-vient entre l'enquête d'une jeune militaire sur la disparition, trente ans avant, d'un lieutenant pendant la guerre d'Algérie, et les flashbacks sur cette période, est à la fois lourdement amenée et plombée niveau crédibilité par l'interprétation de Cécile de France. C'est dommage car le reste, c'est-à -dire la peinture des débuts du conflit algérien vus à travers les rapports de force qui s'instaurent progressivement entre un colonel qui s'engouffre dans les failles de la loi pour imposer des méthodes expéditives et le jeune lieutenant d'abord fasciné, puis révulsé, est sans concession. Herbiet réussit à expliquer sans didactisme excessif l'engrenage de la guerre et ses conséquences les plus effrayantes (la torture, l'exécution sommaire...). Si le film est encore une fois victime d'un surcasting inutile, force est de constater que ce sont les contre-emplois qui fonctionnent le mieux, notamment Bruno Solo en flic d'autant plus dégueulasse qu'il garde tout le long une certaine bonhomie. Mais c'est surtout Olivier Gourmet en colonel ambivalent (loin d'être un chien de guerre, il est intelligent, cultivé et presque paternel) qui porte vraiment le film. Son interprétation pleine de zones d'ombre fait vraiment froid dans le dos... CC