Asiexpo rayon grande Thaïe
Pour sa douzième édition, Étoiles et toiles d'Asie déroule le tapis rouge au cinéma thaïlandais jusqu'à son apothéose finale avec le déjà fameux The Host.Christophe Chabert
Ça a dû se jouer à peu de choses, mais l'association Asiexpo, qui espérait cesser son nomadisme et s'installer au tout neuf Comœdia, se dispersera une fois de plus en 2006 sur le parc des salles lyonnaises pour faire découvrir en 70 films la bonne parole des cinémas d'Asie. De quoi se remettre d'une édition 2005 chahutée par les remous de l'actualité (grèves et émeutes, souvenez-vous !), mais aussi explorer de nouveaux territoires. Car, il ne faut pas mentir, l'effervescence autour du cinéma asiatique est retombée depuis quelque temps : la Corée du Sud domine toujours les débats, mais peine à trouver la reconnaissance publique qu'elle mérite en France. Hong-Kong et le Japon s'accrochent à leurs savoir-faires respectifs (films d'action d'un côté, thrillers horrifiques et cinéma d'animation de l'autre). Le cinéma chinois oscille entre auteurisme et fresque pompière. Mais tout ce beau monde finit plus souvent en DVD que sur les écrans de cinéma... Le festival fait donc son marché dans cette jungle-là , et en a sorti quelques pépites singulières. À ne pas rater, Welcome to Dongmakgol de Park Kwang-hyun, fable humaniste pendant la guerre entre les deux Corées, et Paprika, le nouvel animé de Satoshi Kon, auteur des acclamés Perfect Blue et Millenium Actress. Mais niveau événement, rien ne vient surpasser le film de clôture : l'époustouflant The Host de Bong Joon-ho, nouvelle date pour le cinéma sud-coréen après Old Boy. L'argument est celui d'un film de monstre, mais le réalisateur du déjà formidable Memories of murder tord le genre dans tous les sens, de la comédie picaresque au mélodrame familial en passant par le film politique. Le résultat est d'une beauté plastique et d'une richesse thématique telles qu'il faut au moins deux visions pour l'embrasser pleinement : la première au festival, la seconde en salles dès le 22 novembre.Qui es-tu, le cinéma thaïlandais ?Mais la grande affaire de cette 12e édition, c'est l'ouverture sur le cinéma thaïlandais, un des plus vifs en Asie actuellement, mais dont on a bien du mal à dessiner les contours. L'ambition du festival est de faire le point sur la question, aidé par un documentaire signé Hubert Niogret et une table ronde consacrée au cinéma thaï. Une douzaine de films montreront les diverses facettes de ce cinéma, de ses figures déjà reconnues (Pen-ek Ratanaruang, dont le festival présente le premier film, inédit en France, ou les frères Pang, responsables de la médiocre série The Eye, ici présents avec Re-Cycle) à son cinéma d'exploitation (le film d'horreur culte Nang Nak, la fresque guerrière Bang Rajan...), et même son versant documentaire (Innocence). Manque curieusement à l'appel celui qui, pourtant, représente son pays dans les festivals mondiaux depuis cinq ans maintenant : l'imprononçable Apichatpong Weerasethakul (Blissfully yours, Tropical malady...). Mais on le sait depuis longtemps, l'équipe d'Asiexpo n'aime pas beaucoup les cinéastes officiels et préfère le risque de la découverte. Une stratégie à vérifier cette année encore...Étoiles et toiles d'AsieJusqu'au 13 novembrewww.asiexpo.com