Les Anges exterminateurs

Mercredi 20 septembre 2006

de Jean-Claude Brisseau (Fr, 1h40) avec Frederic Van Den Driessche, Maroussia Dubreuil...

À la fois réponse à l'affaire Brisseau (le cinéaste fut poursuivi par des actrices pour harcèlement lors d'essais vidéo) et reconstitution de la préparation de son précédent film Choses secrètes, Les Anges exterminateurs est un objet curieux, pas très aimable même si on peut en tirer beaucoup de leçons. Brisseau s'invente donc un alter-ego transparent prénommé François, qui cherche des comédiennes prêtes à lui permettre de percer le mystère de la jouissance féminine. Il regarde mais ne touche pas, même quand elles lui proposent ! Dans une amusante inversion des rôles, c'est donc Saint-Brisseau qui se retrouve harcelé par des femmes à qui il ne veut que du bien, ou par les deux anges déchus du film, histoire de rappeler que le cinéaste est avant tout un grand mystique. Ce plaidoyer paraît grossier, quoiqu'on peut aussi voir ce metteur en scène comme un gros nigaud illuminé par sa quête ; en revanche, le film est fascinant quand il dénude le processus créatif de Brisseau. Lui aussi semble uniquement tendu vers les scènes de cul, il est vrai inoubliables, qui ponctuent le film ; tout le reste, entre apparitions de la mamie morte du héros, embarrassante scène de comédie et longs dialogues où la direction d'acteurs de Brisseau est toujours aussi extra-terrestre, ne l'intéresse que de loin. Comme pour se prémunir de ce reproche, il fait de même avec son personnage, qui oublie en chemin qu'un film raconte aussi une histoire, avec des personnages, du texte (tout juste les voit-on lire du Victor Hugo : ça va, les chevilles ?)... En cela, Les Anges exterminateurs est une sorte de confession naïve et sincère, un drôle de truc entre grotesque et sublime, comme l'était déjà d'ailleurs Choses secrètes. Du Brisseau, quoi ! CC