Cars

Mercredi 21 juin 2006

Les studios Pixar ont mis un tigre dans leur animation et lustré leur scénario, mais calent un peu en route. Nikita Malliarakis

Dans la série anthropomorphisme sans limite, après les poissons, voici les voitures. Dans un monde où les véhicules sont apparemment la seule forme de vie intelligente, la grande course qui décidera du vainqueur de la "Piston Cup " est l'événement sportif majeur. Flash McQueen, jeune voiture de course rouge, est bien décidé à décrocher le trophée, face au champion en titre et à l'éternel rival de ce dernier. Mais un ex-aequo oblige les trois candidats à se départager lors d'une deuxième course en Californie. En route pour la compétition, Flash McQueen se perd en pleine cambrousse et se retrouve coincé à Radiator Springs, bourgade laissée sur le bas-côté par la déchéance de la Route 66. À son grand dam, le jeune coureur arrogant est forcé de côtoyer les bouseux rouillés du bled poussiéreux et découvre que la gloriole n'est pas tout et qu'avoir de bons copains c'est bien c'qu'il y a de meilleur au monde. Ce qu'il y a de bien avec les studios Pixar, c'est que chacune de leur production est peu ou prou l'occasion de constater les progrès techniques effectués depuis la précédente. Ici, les prouesses de la réalisation laissent souvent admiratifs. En s'attaquant aux machines, l'animation par ordinateur élude tous les éventuels reproches de froideur que l'on pourrait encore lui faire. Symphonie des carrosseries et danses des couleurs : jamais les véhicules motorisés n'ont paru si vivants, se rendant séduisants aux yeux du pire des mécanophobes. La réalisation des courses de voiture a une dimension parfois spielbergienne, touchant du doigt la beauté d'un authentique cinéma lancé à pleine puissance. L'hommage aux losers du rêve américain en prend d'autant plus de force : Cars est une balade souvent émouvante dans une Amérique mythique prenant davantage la poussière qu'un vieil enjoliveur oublié sous une étagère.Petit coulage de bielleMais si l'animation force le respect et les personnages la sympathie, le film a malheureusement les défauts de ses qualités. À force de vouloir donner de l'épaisseur à son scénario et à ses protagonistes, Cars prend son temps, au point de marquer parfois l'arrêt. Le sentiment de plénitude des grands espaces est rendu avec efficacité, mais va à l'encontre du rythme. Un peu long (1h56) pour de jeunes enfants, le film aurait gagné à sabrer une vingtaine de minutes de son métrage, et à gagner en tonus quitte à perdre en émotion. Tout se passe comme si les mécanos de Pixar, éblouis par l'allure de leur engin, avaient négligé d'en vérifier le moteur, au point de risquer par moments la panne sèche. Le dessin animé, voulant à toute force gagner le respect dû aux "vrais" films, perd de son souffle enchanteur et finit par ressembler, ici et là, à un produit traditionaliste familial et empesé. Cars n'en reste pas moins un spectacle souvent enchanteur, mais on regrette de ne pas le voir dévorer la route avec autant de voracité que prévu. Carsde John Lasseter (EU, 1h56) animation