Conversation(s) avec une femme
Un écran coupé en deux, une histoire pour deux perceptions, Conversation(s) avec une femme propose un huis clos à la forme étonnante. Et au discours mollasson.Dorotée Aznar
Toute l'originalité de Conversation(s) avec une femme tient dans sa forme. Le réalisateur Hans Canosa, qui signe ici son premier long-métrage, a utilisé le split screen : un procédé qui consiste à diviser le cadre en plusieurs parties (en l'occurrence, deux) pour obtenir une image formée de divers éléments. Canosa utilise cette technique afin de permettre au spectateur d'entendre les dialogues et de voir en même temps les réactions des personnages. Intentions louables mais l'histoire ne s'offre pas les luxes d'une telle originalité. Conversation(s) avec une femme raconte les retrouvailles, lors d'un mariage, d'un homme (Aaron Eckhart) et d'une femme (Helena Bonham Carter) qui vont voir leur passé commun ressurgir déformé par les années. Ils se sont connus, aimés puis séparés et ont refait leur vie. Elle arrive de Londres, invitée par hasard au mariage suite à la défection d'une des demoiselles d'honneur et cherche un endroit pour fumer en paix. Il l'aperçoit et l'aborde comme s'il s'agissait de leur première rencontre. Quelques coupes de champagne plus tard, ils savent qu'ils passeront la nuit ensemble, avant qu'elle ne reparte à Londres. Ces heures s'écoulent entre séduction, amours et attentes déçues, sexe pépère, ressassement du passé et évidence du présent. Et si, et si... et puis en fait non.À blablateur, blablateur et demiLe split screen, utilisé d'un bout à l'autre (les deux personnages ne sont dans la même image que lors de la scène finale qui marque leur rupture définitive) agace et se révèle contre-productif. Certes, le procédé souligne le décalage entre ces deux personnages : il l'aime comme on aime un souvenir ; elle a bel et bien tourné la page. Il autorise également l'insertion de flash-back (plus ou moins de bon goût) et de virées plutôt judicieuses dans l'esprit des protagonistes. Mais aussi et surtout le procédé agace. L'œil d'abord, le reste ensuite. Épuisés de suivre tant bien que mal les réactions de nos deux tourtereaux splitscreenés, on peine à se laisser gagner par l'émotion. Enfin, si la performance d'acteurs est incontestable, les dialogues s'enlisent dans un blabla chabadabada qui fait attendre avec impatience le générique de fin ("tu as grossi", "tu es méchante", "non, c'est toi le gros méchant". Une affirmation que l'on regrette immédiatement après avoir entendu ledit générique, signé par Carla Bruni. Conversation(s) avec une femmed'Hans Canosa (EU, 1h25) avec Helena Bonham Carter, Aaron Eckhart...