The road to Guantanamo
L'odyssée de trois jeunes anglo-pakistanais ordinaires, soudain promus au rang d'ennemis publics et reclus dans les poulaillers humains de l'US Army. Nikita Malliarakis

The Road to Guantanamo doit être loué pour l'intelligence avec laquelle ses auteurs évitent tout prêchi-prêcha : si le point de vue des trois de Tipton occupe la totalité du récit, les scènes reconstituées évitent d'enfoncer le clou en n'illustrant pas les zones d'ombre de leur histoire, laissant au spectateur le soin de déterminer si les garçons étaient ou non partis pour préparer un mariage et si leur départ pour l'Afghanistan était bel et bien humanitaire. La naïveté des trois jeunes gens saute néanmoins aux yeux, qu'ils aient été pions embrigadés ou plus vraisemblablement victimes collatérales d'un conflit les dépassant. Le réalisme de la mise en scène, dépouillée sans être fruste, permet au film d'aller au-delà de la reconstitution documentaire et renvoie bien des productions télévisuelles du même genre à leur triste patine. On sent la sueur et le sang, l'angoisse des humiliations continuelles dans les prisons de l'Empire du Bien. The Road to Guantanamo dépeint l'injustice dans toute sa mécanique kafkaïenne. Sans être un pamphlet contre les Etats-Unis, le film illustre avec brutalité l'abominable logique des conflits broyeurs de vies, et, au-delà de tout a priori sur les protagonistes, laisse le spectateur frémissant de dégoût. The Road to Guantanamo
de Michael Winterbottom et Mat Whitecross (GB, 1h35) avec Riz Ahmed, Farhad Harun, Arfan Usman....