On ne devrait pas exister
HPG est un alien tombé dans le cinéma comme un cheveu dans la soupe. Avec On ne devrait pas exister, la star du X signe un premier long-métrage burlesque et délirant. Avec l'art d'agacer gentiment aux entournures. Dorotée Aznar
Pas facile d'être un acteur porno. Surtout quand on picole comme un trou et qu'on ne bande plus sur commande. Hervé, 37 ans, star du X en pleine déchéance, s'offre une dernière éjaculation faciale sur son producteur avant de décrocher définitivement. Son avenir, il le voit désormais aux côtés de vrais comédiens, ceux qui jouent dans de "vrais films". Mais son périple initiatique souffre de méthodes un peu particulières : Hervé ne fonctionne qu'à l'intrusion violente et à l'agression verbale. En chemin, il se laisse ainsi séduire par des producteurs pathétiques et répugnants, tente de pousser les portes d'un univers qui le rejette et en profite pour tomber amoureux d'LZA, la comédienne la plus tatouée du monde, qui lui apprend la vie, et pas si gentiment que ça. HPG souffre d'un problème chronique de socialisation qui se manifeste à la scène comme en amour et son film devrait rencontrer les mêmes ennuis. On ne devrait pas exister est assurément un drôle d'objet cinématographique pour un drôle de réalisateur. Il y a de ces zigotos qui ont besoin de hurler "regardez-moi" pour être certains d'exister un peu. Dans son premier long-métrage, qu'il réalise et interprète, HPG s'égosille et crache son venin pendant une heure trente. Et le public tolère plus ou moins bien. À la quinzième minute de projection, un des huit spectateurs présents quitte la salle, un autre plonge dans un sommeil bruyant. On l'aura compris, si HPG attire les badauds avec son curriculum sulfureux et ses mensurations aguicheuses, ce n'est pas ainsi qu'il les retient. En partant d'une histoire assez banale, HPG crée un film ovni qui surprend ou agace mais ne laisse pas indifférent. Ovni parce qu'il n'a aucune référence cinématographique et ne s'appuie sur aucune tradition. Ovni parce son jeu n'est pas celui d'un funambule mais celui d'un kamikaze totalement mégalomane. Ovni enfin, parce HPG s'acharne à massacrer chaque scène de son film, tête la première et pantalon baissé et livre pourtant une œuvre trop volontairement ratée pour être mauvaise, trop libre pour être sans intérêt. Au finale, On ne devrait pas exister est tout sauf un petit film pour midinette en mal de sensations fortes. C'est une œuvre excitée et débridée, qui traîne parfois en longueur, mais s'offre de jolis moments de grâce et s'envole parfois comme un rouleau de PQ accroché à l'aile d'un avion. Après ce qu'on en dit, c'est que le bon goût n'est qu'une affaire de goûts. On ne devrait pas existerde HPG (Fr, 1h30) avec HPG, LZA, Rachida Brakni...