Bubble
de Steven Soderbergh (EU, 1h13) avec Debbie Doebereiner, Dustin James Ashley...
Après un Ocean's twelve indigne des divertissements capiteux qu'étaient Hors d'atteinte ou Ocean's eleven, Steven Soderbergh refait surface à l'ombre de Hollywood, en tournant en vidéo HD un petit film d'une heure et quart dont les acteurs non professionnels n'ont même pas dû lui coûter le prix d'un seul talon aiguille de Catherine Zeta-Jones dans Ocean's twelve. Ca commence par la pire veine Soderbergh : filmer en plans fixes, sans le moindre éveil documentaire ni la moindre empathie pour ses personnages, des conversations (improvisées) sans le moindre début d'intérêt. On s'ennuie en même temps qu'un quatuor de personnages en train d'écouler leur vie sans fin dans une petite ville du Midwest. On échangerait sans sourciller cette première demi-heure insupportable contre l'intégrale Straub et Huillet. Heureusement, Soderbergh, sans doute réveillé par un assistant en cours d'écriture se décide enfin à mi-parcours à filmer quelque chose : un meurtre inexpliqué, pas même encore entré dans la conscience de celui qui l'a perpétré. Le film prend alors un sévère coup d'accélérateur et se mue en thriller d'un genre inédit : il ne s'agit plus (longtemps) de savoir qui a tué que de savoir où commence la conscience d'un crime. En quelques plans hachés, Soderbergh installe alors un véritable vertige de l'inconscient, un face-à -face on ne peut plus étrange entre un crime évident et un tueur (on se gardera bien de vous dire qui c'est) qui a agi comme il vit : hors de lui, sans se rendre compte de ses actes. En restant dans cette bulle (le "bubble" du titre) dont la confrontation avec les policiers et les témoins lui permettra, finalement, de sortir. Fascinant. LH