L'AMOUR DU RISQUE

Mercredi 24 mai 2006

Peu de grands noms, beaucoup d'outsiders : en attendant notre journal de la Croisette la semaine prochaine, petit aperçu des festivités cannoises et des films à venir. LH

L'an dernier, la Sélection officielle du festival de Cannes ressemblait un peu à un étal de second choix : nombre de réalisateurs reconnus refaisaient à peu près le même film (les Dardenne ou Jarmusch), le plus souvent en moins bien (Wenders, Haneke ou Gitai). Moins de grands noms d'auteurs à l'affiche cette année (Loach, Kaurismaki, Nicole Garcia ou Moretti sont les rescapés), avec deux baudruches qu'on va tout de suite commencer par dégonfler : Volver d'Almodóvar (lire critique ci-dessus) et surtout le nouveau Sofia Coppola (sortie la semaine prochaine), film d'époque qui ne se veut surtout pas un film d'époque, intitulé Marie Antoinette mais ne parlant surtout pas de Marie Antoinette. Un film surtout ni fait ni à faire, incapable sous son vernis arty de parti pris comme de personnalité. C'est donc surtout du côté des moins connus qu'il faudra ouvrir l'œil et le bon. À commencer par le Babel du génial Inarritu (Amours chiennes, 21 grammes), face-à-face christique entre Brad Pitt et Gael Garcia Bernal (découvert dans La Mauvaise éducation), qui nous fait autant saliver que le nouvel opus dégénéré de Guillermo del Toro, réalisateur de Blade II et surtout L'Échelle du diable, en proie ici aux plus étranges fantasmagories (Le Labyrinthe de Pan). Encore moins notoires, un premier long écossais (Red road), le nouveau film du réalisateur de Donnie Darko (Southland tales) et l'adaptation du livre-brûlot anti-McDo qui a déjà fait vomir tous les Etats-Unis : Fast food nation, de Richard Linklater. Toujours au rayon des cadeaux surprise, le nouveau film turc de Ceylan (Les Climats, après le splendide Uzak, Grand prix il y a trois ans), et le très attendu Lucas Belvaux (La Raison du plus faible, avec Eric Caravaca, après sa trilogie Un Couple Cavale Après la vie).Sorties simultanéesRestent les films qui bénéficient d'une sortie simultanée ou presque, histoire que Cannes ressemble, ce qui n'est pas encore assez le cas, à une fête partagée par tous plutôt qu'à un club de privilégiés. C'est à côté du Almodóvar, du Coppola et du Moretti, avant tout hors compétition qu'il faudra aller les chercher : Zidane, un portrait du XXIe siècle, sera en salles la semaine prochaine ; X-Men 3, déjà vu et désapprouvé par nos compères grenoblois, prendra le relais la semaine d'après. Avant l'Avida, nouvelle œuvre à quatre mains de Benoît Délépine et Gustav Kerven après l'épatant Aaltra (sortie en juin). Puis Nos voisins les hommes, le nouveau dessin animé Dreamworks (le 5 juillet) et la bombe, c'est le cas de le dire de Paul Greengrass : Vol 93, inspiré du 11 septembre (dans les salles le 12 juillet). Last but not least, quelques perles potentielles du côté des "petites" sélections : Paris je t'aime, film collectif avec notamment un tronçon Gus Van Sant fait l'ouverture d'Un certain regard, suivi, côté Quinzaine des réalisateurs des derniers Michel Ocelot, Christophe Honoré et surtout le Bug de William Friedkin qui pourrait bien créer le buzz à lui tout seul. Wait and see.