L'Éclaireur
de Djibril Glissant (Fr, 1h25), avec Grégoire Colin, Romane Bohringer, Jackie Berroyer...
Premier film étonnant par son sujet plus que par son traitement, L'Éclaireur fait d'Aton, timide étudiant en histoire à Saint-Denis, la proie d'un sortilège. Peu troublé par le retour de son père, un enseignant lunaire, il se retrouve possédé par une panthère noire, en plein dans ses examens de fin d'année. Sélectionné en janvier 2005 au festival Premiers Plans d'Angers et inspiré par Vaudou de Jacques Tourneur, le premier long métrage de Djibril Glissant inscrit pas à pas, par de précis mouvements de caméra à ras du bitume, la transformation du personnage en fauve. Incarné par Grégoire Colin jouant exclusivement d'un mimétisme félin, Aton rôde la nuit dans la jungle urbaine et bétonnée de Saint-Denis, en haletant ou bondissant de toits en terrasses tel un Yamakazi. Signé avec Gilles Marchand, scénariste de Lemming et Harry, un ami qui vous veut du bien pour Dominik Moll et réalisateur de Qui a tué Bambi ? en 2004, le script de Glissant déploie un nouveau récit en clair-obscur, dans lequel un homme effacé et ordinaire mute au contact d'un corps ou d'un esprit étrangers. Corseté dans sa direction d'acteurs, le film rompt le charme quand il tient à expliquer le phénomène qui gagne Aton. Là , il flirte avec le ridicule. Sans y tomber. Aton n'est pas Spider Man ou Manimal. L'animalité qui s'empare de lui ne le pousse pas vers les autres, mais bien à se (re)découvrir, à se sauver soi-même. Au finale encore trop retenu et contrit, ce film initiatique s'inscrit bien dans le registre modeste et cérébral d'un nouveau fantastique à la française. Et n'imprime rien de moins que l'éveil des sens et à la sexualité d'un garçon éteint, phobique du contact. CJ