Half life
Actu Ciné / À l'occasion de la sortie de Silent Hill, petit bilan des relations cinégames, les adaptations de jeux vidéo n'auront été jusqu'ici qu'une longue suite de catastrophes artistiques. Des désastres en grande partie imputables à une incompréhension obstinée du media par les pontes de l'industrie cinématographique.FC
Fait : l'industrie du jeu vidéo dépasse en portée et en rentabilité celle du 7e art. Logique que ce dernier se sente le devoir de contre-attaquer... Le problème, dans Super Mario Bros avec Bob Hoskins ou Double dragon avec Mark Dacascos, c'est que la plupart du temps les studios hollywoodiens écartent d'emblée l'équation clé du problème (comment retranscrire de façon purement picturale l'immersion du gamer), et se contentent de produits sur-calibrés n'évoquant leur source qu'au travers de clins d'œils grossiers, à l'attention de spectateurs supposés stupides. C'est dur à dire, et encore plus à écrire, mais la franchise la plus respectueuse du matériau d'origine est alors celle des Mortal Kombat, avec ses gros bourrins qui se foutent sur la gueule deux à trois fois par bobines. On froncera les sourcils deux secondes devant le Resident Evil de Paul Anderson, avant de prendre un air abattu devant sa séquelle : Nemesis, le boss ultime et terrorisant du jeu Resident Evil 3, devient une grosse bêbête pataude en latex, aux beuglements hilarants. Le souvenir de Doom étant encore trop vivace dans nos cortex endoloris, on évitera poliment le sujet.Évolution dans la régressionLe sursaut ne viendra pas du Japon : seules les séries animées osant noircir le script de base sortent du lot, et c'est encore loin d'être la panacée. Les deux longs métrages Final Fantasy (le dernier n'est pas sorti en France) se planteront artistiquement, en tentant de retranscrire la foisonnante complexité narrative des jeux en magma scénaristique imbitable, relevé d'une naïveté post new-age paradoxalement simpliste. Mais avec le nouveau millénaire émergea celui qui allait enfoncer le clou de la médiocrité dans ce douloureux domaine. Uwe Boll, surnommé The Master of Error par ses innombrables détracteurs, symbolise le furoncle ultime, la face cachée et honteuse de l'industrie du cinéma : profitant d'un système de subventions de son pays d'origine (l'Allemagne), Boll s'est lancé dans le créneau lucratif des adaptations de jeux vidéo pour en faire... n'importe quoi. Son House of the Dead est l'un des plus gros Z réalisés ces dernières années, son Alone in the Dark n'entretient comme lien avec le jeu que le nom du héros (précisons-le, c'est un navet achevé), et son Bloodrayne est presque irregardable. Le pire, c'est que ses budgets deviennent imposants et que ses castings se la pètent de plus en plus. Et tant que Boll rentre dans ses frais, il continue ! Grâce à lui et à tous les responsables des films précités, les plus grands créateurs de jeux vidéo refusent désormais de céder les droits de leurs licences, tant qu'ils n'ont pas affaire à d'authentiques gamers respectant leur vision, comme Christophe Gans. Grand bien leur en prend.