The Secret life of words

Mercredi 26 avril 2006

d'Isabel Coixet (EU-Esp, 1h52) avec Sarah Polley, Tim Robbins...

On ne saurait reprocher à Isabel Coixet sa fidélité. Avec Almodóvar à la production et la sublime Sarah Polley devant la caméra, la réalisatrice reforme une partie de l'équation gagnante de Ma vie sans moi. Soit un long métrage à la mise en scène élégante, à l'amertume savoureuse, porté par des comédiens irréprochables et une bande-son idoine (d'Antony & The Johnsons à Tom Waits). On y suit Hannah, employée d'usine se réfugiant occasionnellement dans le "confort" de sa surdité, qui décide, au beau milieu de ses vacances, de jouer à l'infirmière pour un grand brûlé (Tim Robbins, élégamment défiguré), dans l'isolement forcé d'une plateforme pétrolière. Le dialogue entre les deux laissés-pour-compte nourrit avec habileté la majeure partie du film, résonne comme la mise en abîme de cet incroyable décor cinégénique et du microcosme qui le compose. Au beau milieu de cette bande bigarrée de reclus volontaires, Sarah Polley irradie de pudeur grandiose, installe son personnage dans ses automatismes avec justesse. The Secret life of words entretient le mystère sur ses protagonistes, avant que le premier échange ne vienne imposer la révélation sur les origines d'Hannah avec la force d'un rouleau compresseur lacrymal. Un tournant narratif qui amoindrit paradoxalement le propos. Isabel Coixet se laisse emporter par la puissance du thème enfin révélé et cède même à un didactisme un rien cavalier. Les dernières séquences transpirent de ce léger écueil, et empêchent The Secret life of words d'accéder au rang de réussite totale. FC