Les Brigades du Tigre
de Jérôme Cornuau (Fr, 2h05) avec Clovis Cornillac, Diane Kruger, Edouard Baer, Olivier Gourmet...
L'adaptation d'une série télé sympathique mais poussiéreuse, par le réalisateur de Bouge ! et Folle d'elle (les deux avec Ophélie Winter !), il faut bien avouer qu'au premier abord, on ne faisait pas les malins ! La surprise n'en a été que meilleure. Dès les premières séquences, notamment celle du braquage façon western-parisien-début-XXe, le soin apporté à la forme tranche avec le tout venant du cinéma commercial hexagonal et laisse augurer d'un divertissement qualité France comme on n'en voit plus tant que ça. 2h plus tard, le contrat est à peu près rempli. Le scénario riche en rebondissements navigue entre petite et grande Histoire - de la chasse aux anarchistes aux malversations d'état, en passant par la naissance de la Triple Entente entre France, Grande-Bretagne et Russie à la veille de la grande guerre - et la belle cohésion de la distribution achève de rendre l'ensemble plutôt prenant (mention spéciale à Edouard Baer dans un contre-emploi très sobre). Si Les Brigades du Tigre n'est pas non plus le polar d'époque ultime - la multiplication des pistes n'empêche pas quelques longueurs dans la deuxième partie, l'articulation du récit n'est pas toujours limpide et les dialogues ne sont pas forcément irréprochables -, sa toile de fond politico-historique lui offre une épaisseur salutaire. Le scandale des emprunts russes et la gronde anarchiste face au Tsar annonçant la révolution de 1917, sont en effet les facettes les plus intéressantes du film, tout comme l'ambiguïté des rapports entre le commissaire Valentin (impassible Clovis Cornillac) et les anars de la bande à Bonnot qui, par la force des choses, se retrouvent à combattre le même ennemi (le pouvoir corrompu). Un divertissement tout à fait honnête, qui plus est dénué de toute forme d'Ophélie Winter.EA