Hollywood Burn ?

Mercredi 19 avril 2006

Suite aux clameurs inopportunes émergeant de toute part, le PB s'est mangé une monstrueuse session de rattrapage des blockbusters américains sortis la semaine dernière. Mise en abyme honteusement partisane d'un marché en plein désarroi.FC

L'industrie américaine a peur : sa rentabilité accuse une chute de 9% en 2005. Le téléchargement saignerait le business à blanc, la production tremblerait sur ses bases, s'interrogerait, douterait, regarderait même ses cow-boys langoureux d'un sale œil. Pour savoir si le problème ne venait pas, par hasard, des films eux-mêmes, penchons-nous sur le cas de trois étendards en titre d'Hollywood la débauchée, tous sortis la semaine dernière. Premier cas : Firewall de Richard Loncraine, réalisateur "sympathique au demeurant", dont on se souvient du bouillonnant Richard III. Impersonnel au possible, ce thriller "à deux à l'heure" nous montre un Harrison Ford qui nous la joue presque Steven Seagal dans le registre "j'ai toujours la patate" ; ça tatanne du méchant, mais ça pose surtout des virus informatiques dans des scènes moins passionnantes les unes que les autres. Dans la sphère hautaine des cyber-thrillers prétentieux et mal foutus, aux fins bâclées (et alors là, de l'intervention providentielle du chien de la famille dans le climax, au dernier plan sur fond de soleil couchant, bravo !), Firewall vient de détrôner le gratiné Traque sur internet. Moins douteux mais tout aussi dispensable, 16 Blocs du vétéran Richard Donner est un cas hélas typique de film vu mille fois, aux situations tellement rebattues qu'on peut presque en réciter les dialogues en play-back (un exemple ? "Les gens peuvent changer, Jack !" / "Non. Les temps changent, les saisons changent, mais les gens ne changent pas", c'est beau, on dirait du Obispo). Le montage "nerveux" et le grain "poisseux", garants d'une touch seventies, font illusion un petit quart d'heure.Casser la glaceAprès la digestion délicate de ces parangons de fast-cinema (vite consommés, vite oubliés), dignes d'une diffusion télé sous l'étiquette Hollywood Night, L'Âge de glace 2 de Carlos Saldanha se poserait presque en chef-d'œuvre s'il ne cédait pas à de regrettables facilités. On ne versera pas dans la mauvaise foi en tapant sur le développement massif des scènes consacrées à Scrat, le rongeur éternellement en quête d'une noisette récalcitrante tant, comme dans le premier opus, ces interludes constituent la partie la plus appréciable du métrage. Pas dupe, l'équipe va jusqu'à y apporter un soin et une dynamique accrus, au détriment d'une trame principale empruntant la forme convenue du voyage initiatique où chacun affrontera ses "démons". Les créatifs du Studio Blue Sky ont repris les recettes gagnantes du premier, sans risques mais avec un certain brio visuel, mêlant références cinématographiques récentes (glop) et clins d'œil appuyés à la version biblique du déluge (pas glop). Le plus inquiétant étant les tics narratifs évoquant les productions Disney des dernières années, que le premier ge de Glace avait brillamment contournés. Pour cette semaine, le bilan n'est pas glorieux, on se donne tout de même rendez-vous tout au long de l'année pour l'auscultation continue de l'exercice hollywoodien 2006.