de Bennett Miller (EU, 1h53) avec Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener...
On ne voit que lui. Pas un plan sans Philip Seymour Hoffman dans ce Truman show déplacé, où l'acteur vole la vedette au personnage, et finalement au sujet lui-même. Le film s'écoule de 1959 à 1966, soit l'avant De Sang froid, roman inspiré d'une tuerie familiale qui sera à l'avant-garde de la littérature non-fictionnelle. Mais en reposant entièrement sur son acteur principal (Miller filme Capote en pose et en conversation, jamais en actes), il ne s'agit plus de filmer le bouleversement artistique et personnel que fut De Sang froid, mais la performance balourde d'un acteur en pleine caricature. On connaissait la voix de stentor. Hoffman invente la voix de tantouze : haut perchée, traînarde, marmonnant sans jamais articuler. Peu importe de savoir comment parlait Capote. On est simplement sûr qu'Hoffman ne risque pas de parler comme ça, et qu'il eut été de bon ton qu'il arrête de respirer de l'hélium avant chaque prise. Le sommet est atteint lorsqu'il trône sur son canapé en charentaises, versant en gros plan SVP deux doigts de whisky dans son pot de bébé (sic). En guise de grand écrivain, on ne voit plus qu'un snob capricieux, mensonger dans ses relations avec les autres (les face à face avec un des tueurs, gentil tout plein et beau comme un cœur, sont interminables), avide de gloire personnelle. C'est un peu peu. Et c'est surtout malhonnête. Plutôt que la genèse d'un chef-d'œuvre, Truman Capote est un biopic pataud à l'eau de vaisselle, ramenant dans le conventionnel pleurnichard (chougnerie obligatoire avant la scène d'exécution) un personnage qui figurait tout le contraire : le réalisme, le non-conformisme et la distance clinique. Mieux vaut revoir le De sang froid de Richard Brooks, autrement plus glaçant. LH