Truman Capote

Mercredi 22 mars 2006

de Bennett Miller (EU, 1h53) avec Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener...

On ne voit que lui. Pas un plan sans Philip Seymour Hoffman dans ce Truman show dĂ©placĂ©, oĂą l'acteur vole la vedette au personnage, et finalement au sujet lui-mĂŞme. Le film s'Ă©coule de 1959 Ă  1966, soit l'avant De Sang froid, roman inspirĂ© d'une tuerie familiale qui sera Ă  l'avant-garde de la littĂ©rature non-fictionnelle. Mais en reposant entièrement sur son acteur principal (Miller filme Capote en pose et en conversation, jamais en actes), il ne s'agit plus de filmer le bouleversement artistique et personnel que fut De Sang froid, mais la performance balourde d'un acteur en pleine caricature. On connaissait la voix de stentor. Hoffman invente la voix de tantouze : haut perchĂ©e, traĂ®narde, marmonnant sans jamais articuler. Peu importe de savoir comment parlait Capote. On est simplement sĂ»r qu'Hoffman ne risque pas de parler comme ça, et qu'il eut Ă©tĂ© de bon ton qu'il arrĂŞte de respirer de l'hĂ©lium avant chaque prise. Le sommet est atteint lorsqu'il trĂ´ne sur son canapĂ© en charentaises, versant en gros plan SVP deux doigts de whisky dans son pot de bĂ©bĂ© (sic). En guise de grand Ă©crivain, on ne voit plus qu'un snob capricieux, mensonger dans ses relations avec les autres (les face Ă  face avec un des tueurs, gentil tout plein et beau comme un cœur, sont interminables), avide de gloire personnelle. C'est un peu peu. Et c'est surtout malhonnĂŞte. PlutĂ´t que la genèse d'un chef-d'œuvre, Truman Capote est un biopic pataud Ă  l'eau de vaisselle, ramenant dans le conventionnel pleurnichard (chougnerie obligatoire avant la scène d'exĂ©cution) un personnage qui figurait tout le contraire : le rĂ©alisme, le non-conformisme et la distance clinique. Mieux vaut revoir le De sang froid de Richard Brooks, autrement plus glaçant. LH