Sisters in law
de Kim Longinotto et Florence Ayisi (BG-Cal). Documentaire
À Kumba comme ailleurs, femmes et enfants subissent des violences de tous ordres. Mais à Kumba plus que dans nos contrées occidentales, le système judiciaire est à la traîne. Pas complètement cependant, et c'est ce que nous laisse entrevoir Sisters in law, doc teinté d'espoir sur le quotidien de deux magistrates camerounaises. Dès les premières minutes, on sent que le film lorgne davantage du côté des reportages de Depardon que vers les productions de Michael Moore : les deux réalisatrices choisissent de suivre en toute familiarité la conseillère d'État et la Présidente de la Cour pour montrer une justice de terrain, une justice de chair, démarche qui, au final, permet de comprendre mieux que n'importe quelle analyse le fonctionnement d'un appareil judiciaire tout en dévoilant le rapport que la population entretient avec lui. C'est le manque d'évidence qu'ont les camerounais à user de leurs droits qui retient l'attention. On a parfois l'impression que nos deux redresseuses de torts, avec la détermination et l'abnégation qui les caractérisent, doivent démarcher telles des VRP pour que justice s'opère. Il faut dire que, même si les mentalités évoluent, les femmes doivent batailler dur pour s'affirmer dans un pays au machisme prédominant. Cela étant, Longinotto et Ayisi ont le mérite de ne pas tomber dans un manichéisme simpliste (l'une des affaires suivies est d'ailleurs le cas d'une femme battant sa nièce à coups de cintre) en livrant ce témoignage d'un combat mené avant tout au nom de la liberté individuelle. BD