Bubba Ho-Tep
de Don Coscarelli (EU, 1h32) avec Bruce Campbell, Ossie Davis...
À dire vrai, on n'attendait plus de sortie française pour ce génial long métrage signé Don Coscarelli (la série des Phantasm), dont la poignée de copies aura tout de même pris trois ans à arriver chez nous. Un laps de temps au gré duquel Bubba Ho-Tep aura gagné en puissance, en reconnaissance critique et publique, et en saine aura culte. À l'énoncé du pitch, on comprend mieux (un Elvis grabataire et anonyme fraternise avec un vieux black persuadé d'être JFK et les deux compères allient leurs forces déclinantes pour combattre une momie tuant les pensionnaires de leur hospice la nuit tombée). Et à la vision du film, on ne peut que se rallier à la cohorte de fans : sur un postulat invraisemblable (adapté d'une nouvelle de Joe R. Lansdale), Coscarelli nous a concocté une œuvre mémorable, gorgée de répliques cultes, de réflexions amères et excellemment bien vue sur la vieillesse ; un portrait en négatif du déclin du rêve américain, rien de moins ! Au fil des bobines, le tour de force se précise : l'impeccable duo d'interprètes assume l'absurdité des personnages avec panache, et le pathétique devient miraculeusement sublime. À raconter telle quelle, la confrontation finale donne dans le risible indéfendable ; mais à l'écran, on en viendrait presque à verser une larme... Ne cherchez pas, les vrais héros de la semaine ne sont pas Johnny Cash ou Pocahontas, mais bel et bien Elvis et JFK ! FC

