Le Nouveau monde
de Terrence Malick (EU, 2h30) avec Colin Farrell, Christian Bale, Christopher Plummer...
Il y a encore un intello digne de ce nom égaré à Hollywood : Terrence Malick, philosophe de formation, ayant tourné 4 films en 25 ans, exigeant des conditions techniques et des budgets colossaux pour aborder de grandes fresques historico-poétiques où l'Amérique rurale ou ancestrale fait le plus souvent la nique à tout balbutiement civilisé. Avec ce Nouveau monde, projet bancal initié avant La Ligne rouge, il mêle la peinture coloniale et la fibre intimiste, le réalisme le plus maniaque (les Indiens causent en Algonquin non sous-titré) et l'illusion lyrique en grands plans aérés embrassant les paysages au son d'une musique omniprésente frisant la griserie New Age. Le problème, c'est que plutôt que de donner un point de vue lisible sur l'immigration et les origines de son pays, il préfère s'embourber dans une histoire d'amour idéalisée au casting improbable : soit Colin Farrell inexistant en capitaine anglais agité et une Pocahontas aussi gentille que fadasse. Le tout nous laisse, non sans morceaux de bravoure, les fesses trempées entre les deux continents que filme Malick, sans jamais réussir à les relier. LH