Les Bronzés 3, amis pour la vie !
de Patrice Leconte (Fr, 1h37) avec Josiane Balasko, Michel Blanc, Gérard Jugnot...
Les Bronzés fondaient leur succès (qui n'est d'ailleurs pas venu tout de suite) sur le comique d'observation, kaléidoscope de la beaufitude en vacances passé à la moulinette de la libération sexuelle. Les Bronzés font du ski enfonçait le bâton de la comédie vacharde de façon plus inégale mais avec une férocité jouissive contre la connerie individualiste (le duo Jugnot/Balasko, indétrônable). Avec cet épisode de trop, fini l'observatoire du français moyen (ça fait bien longtemps que nos stars populaires autrefois inconnues ne lui ressemblent plus), et finies les vannes (on sauvera un ou deux dialogues de Michel Blanc). L'effet de groupe a fait long feu : à l'insouciance collective se sont substitués des comiques disparates, chacun ayant fait sa route depuis à sa façon. Et chacun du coup semble se débattre, non pas avec sa vieillesse, mais avec son image, s'accrochant à ce qu'il était 27 ans auparavant et qu'il n'est plus depuis longtemps. Le miroir, ce n'est plus celui de la société tendu aux spectateurs, mais celui des comédiens eux-mêmes, plus ou moins en phase avec le rôle de leurs vingt ans. On ne doute pas que l'exercice narcissique leur ait plu, et Michel Blanc est le seul à offrir un vrai numéro d'acteur en campant un Jean-Claude Duss coiffeur californien ingénieux au point d'avoir tout réussi, même conclure. Pour le reste, Lhermitte joue les vieux-beaux un peu plus vieux et un peu moins beau, Jugnot s'enfonce dans le beauf homophobe jusqu'au grotesque et Balasko confie sa grande gueule à son chien-chien pour se faire plus discrète. Pendant ce temps, Zucchero a remplacé Gainsbourg à la BO. Le mauvais goût n'a pas d'âge. LH