Nains pressions
Pas moins de quatre films estampillés jeune public débarquent sur nos écrans ce mercredi. Le merveilleux monde du cinéma se plierait-il au bonheur des mômes ? Pas vraiment, mais c'est gentil d'essayer. François Cau
Évacuons dans un premier temps le plus douloureux. Quitte à passer pour d'atroces anti-américanistes primaires, il faut avouer que le pire nous arrive cette semaine d'outre-atlantique. À force de subir leurs produits de contrebande avariés au cours de la décennie écoulée, d'encaisser avec hargne leur odieuse et pathétique mainmise sur le marché mondial de l'animation, de suivre leur acharnement à conserver le studio Pixar sous leur giron, l'évidence était de mise : les exécutifs de Disney foncent droit dans le mur. Après nous avoir bombardé de séquelles de leurs plus grands hits (Pocahontas, Le Roi Lion, Le Livre de la Jungle, et même Peter Pan !), ils s'attaquent à présent à ressusciter l'une de leur plus grande gloire passée : l'innocent Bambi. Il faut leur reconnaître un minimum d'effort : le design du film tutoie occasionnellement le splendide. Après, crevons l'abcès : outre qu'une fois de plus les satanées chansons made in Disney plombent une œuvre qui n'avait déjà pas besoin de ça, il ne s'y passe absolument rien. Le film semble avoir été fait pour que les parents dévoués y rattrapent leurs heures de sommeil perdues... Autre déconfiture, l'atrocement lénifiant Zathura - Une Aventure Spatiale de Jon Favreau. Ce dernier, acteur sympathique au demeurant, montre ses limites à gérer un gros budget : avec une enveloppe supérieure à celle du mésestimé H2G2, il parvient à livrer un résultat qui a l'air deux fois plus cheap, peu aidé il est vrai par deux jeunes acteurs têtes à claques et un scénario d'une inanité affligeante (précisons que l'un des co-scénaristes avait écrit le glandiose Power Rangers - le film).Familles je vous aimePour modérer ce torrent de fiel, attardons-nous sur le coup de cœur de la semaine, le moyen-métrage d'animation suédois Franz et le chef d'orchestre. Les premières minutes font presque peur : les " images découpées " servent des vignettes présentant d'étranges pantins désarticulés évoluant dans des décors organiques. Malin, le film nous prend au piège de l'identification de ce gamin obligé de suivre les répétitions de son père dans une nature hostile. Puis vient une séquence en " faux " Super 8, d'une poésie imparable, qui nous envoûte de sa naïveté picturale. On tombe dès lors sous le charme, et, apothéose de ce pari audacieux, le graphisme devient peu à peu d'une beauté insoupçonnée. Dernière sortie, et pas la plus facile : Le chien jaune de Mongolie est la seconde réalisation de Byambasuren Davaa après le beau succès d'estime de son Histoire du Chameau qui pleure. La réalisatrice suit ici une famille installée en Mongolie, dont le quotidien va être quelque peu bouleversé par l'arrivée d'un chiot recueilli par la fillette. Des paysages splendides, un rythme lancinant et quelque peu emprunté, de quoi dépayser nos têtes blondes au risque, là aussi, de les voir sombrer dans une certaine torpeur...