THE FUTUREHEADS

par
Mercredi 14 décembre 2005

"S/T" (679/Warner)

Le disque ne tourne pas depuis 1/4 d'heure et commence déjà le septième (!) morceau, Danger of the water, formidable bulle d'air frais reposant quasi-exclusivement sur un délicieux chassé-croisé vocal ; répit en apesanteur qui n'aurait pas fait tache sur le dernier Blur. Avant ça, The Futureheads nous a asséné sans lever le pied six tubes imparables redonnant tout son sens au mot urgence. À la cadence infernale de deux refrains par minute, les quatre gars de Sunderland font entendre une voix nouvelle dans la jungle du revival rock britannique. Ou plutôt quatre voix, car c'est justement la marque de fabrique du groupe que de mêler à ses soubresauts épileptiques de formidables architectures vocales, authentique sucre pop sur leurs redoutables bombes rock. Tous chantent et tous ont a priori des horizons musicaux différents : de Devo à Steve Reich, en passant par Fugazi ou The Clash ; ceci explique cela. Moins lyriques et moins new wave que Bloc Party, mais plus secs et incisifs que... tous les autres ! The Futureheads tabasse couplet sur refrain pied au plancher, comme on se précipite sur ses fringues en sortant de la douche un matin glacé de janvier. La légende raconte d'ailleurs que c'est le froid extrême régnant dans le garage de répétition du groupe qui lui a offert sa dynamique survoltée et a imprimé aux chansons leur rythme décérébré. Affirmer que le premier album des Futureheads fera office de chauffage tout l'hiver serait peut-être un peu excessif, mais en cet automne scandaleusement rude, il est un compagnon de premier choix.EA