Trois enterrements
de et avec Tommy Lee Jones (Fr-EU, 1h57) avec Barry Pepper, Julio Cesar Cedillo...
Trois enterrements termine l'étrange marabout-bout d'ficelle cannois qui passe de Jarmusch à Wenders et de Wenders à Tommy Lee Jones. La paternité compliquée de Broken Flowers se retrouve dans Don't come knocking, alliée à une nostalgie du western américain qui est le suc de Trois enterrements. Du premier au dernier circule ainsi un goût pour un certain classicisme cinématographique, une volonté de laconisme et aussi, bien entendu, l'envie de filmer des visages fatigués et chargés de mythologies. Cette modestie, il faut la porter au crédit de Tommy Lee Jones, même si à la longue elle se retourne un peu contre le film qui, passée sa brillante première heure (Guillermo Arriaga reprend la formule de déconstruction scénaristique mise au point pour Amours chiennes et 21 grammes), a tendance à s'enliser dans un road movie pépère (mais pas Barry Pepper, toujours aussi bon depuis La 25e heure) jusqu'à sa très attendue résolution finale. Le message progressiste du film (faut pas tirer les Mexicains comme des lapins, même si on est blanc et Américain) et sa subtile ironie (le tueur avait une vraie raison de buter sa victime, mais il ne le savait même pas !) pourraient renvoyer à l'âge d'or du western contestataire, celui de Peckinpah surtout. Mais c'est plutôt à certains Clint Eastwood que l'on pense, et la comparaison est assez cruelle pour Jones : là où Eastwood assume jusqu'au bout l'ambiguïté de son personnage, Jones se met trop vite du bon côté de la barrière (et des deux côtés de la frontière), citoyen d'une bonne conscience que rien ne va vraiment venir ternir. Allez, reconnaissons au moins à Trois enterrements une valeur inestimable : c'est la meilleure production Besson de ces 5 dernières années !Christophe Chabert