Le Petit lieutenant

Mercredi 23 novembre 2005

de et avec Xavier Beauvois (Fr, 1h50) avec Jalil Lespert, Nathalie Baye, Roschdy Zem...

Antoine vient d'être reçu au concours de police, et choisit de quitter son Havre natal pour intégrer l'inspection judiciaire parisienne. Il se retrouve sous les ordres de Caroline Vardieu, qui reprend du service après plusieurs années à lutter contre l'alcoolisme. Autant dire que Xavier Beauvois confronte deux stéréotypes pour mieux les tordre : le jeune flic fougueux et celle qui, un peu usée par la vie, freine ses ardeurs. Stéréotype aussi : le décorum de ce commissariat banal, où l'on picole gentiment, où les avis politiques divergent (le cinéaste se distribue dans le rôle, ingrat, du flic de droite tenté par le FN), où les affiches de films (de Taxi Driver au Convoyeur !) font figure d'idéal romanesque pour un métier qui en manque cruellement. Mieux que Tavernier dans L627, Beauvois réussit cette peinture réaliste de la police française, mais n'oublie pas d'en faire une fiction. Dans les meilleures scènes du film, il trouve la juste place de la caméra (l'interrogatoire filmé en plan large dédramatisé, la poursuite caméra à l'épaule dans le métro, l'autopsie hors champ chez le légiste...) et surtout un ton audacieux, où le comique et le tragique se heurtent sans cesse. Sans parler du culot incroyable dont il fait preuve en milieu de film, rompant avec toutes les règles dramatiques en vigueur... À quelques écueils près (le film se dépatouille mal des notations psychologiques qu'il attache au personnage de Vardieu), Le Petit lieutenant propose une voie singulière pour le polar français.CC