Backstage
d'Emmanuelle Bercot (Fr, 1h55) avec Emmanuelle Seigner, Isild Le Besco, Valéry Zeitoun, Noémie Lvovsky...
Après un premier long fort mal distribué (Clément), Emmanuelle Bercot confirme avec Backstage le bien qu'on pensait de ses courts. À la faveur d'une réflexion tout en méandres et faux-semblants sur les rapports entre une fan et son idole, Bercot invente un espace-temps extrêmement pertinent : celui d'un petit théâtre cruel où l'arrogance et l'égocentrisme de la star sont lentement débordés par la folie de son admiratrice. D'un côté, le contrôle permanent, la claustration, le déni du réel (Emmanuelle Seigner joue tout cela avec une remarquable précision) ; de l'autre, l'imprévisibilité d'une jeunesse qui plie la réalité à son désir déviant et sombre dans l'aliénation (Isild Le Besco s'avère une fois de plus la plus parfaite des interprètes pour incarner cette fougue sauvage et destructrice). Entre les deux, il y a un petit monde conditionné, figé dans les rôles qu'on lui attribue, faisant la navette entre le maître tyrannique et l'esclave faussement candide. C'est aussi une belle leçon de cinéma : maîtrisant à la fois le huis clos et les ellipses (fulgurantes) du récit, Bercot fait naître un monde à la lisière du fantastique et pourtant toujours ancré dans un réalisme scrupuleux. Troublant, fascinant et surprenant, Backstage est une belle réussite.CC