Combien tu m'aimes ?
de Bertrand Blier (Fr, 1h35) avec Monica Bellucci, Bernard Campan, Gérard Depardieu...
Après ses Côtelettes calcinées, on ne donnait pas cher de la peau de ce bon vieux Bertrand Blier... Surprise : la première moitié de Combien tu m'aimes ? est de loin ce que le cinéaste a tourné de plus digne ces dernières années ! On y voit un quinqua au cœur fatigué (Bernard Campan, pas mal) acheter avec son magot récemment gagné au loto une pute au grand cœur (Monica Bellucci, crédible) et l'installer chez lui, à ses risques et périls. Loin de l'aigreur réac' des Acteurs ou de la misogynie craignos de Mon homme, c'est une vraie tristesse qui irrigue ce début, avec une indéniable émotion émanant des personnages, notamment celui de Darroussin en médecin solitaire. Blier réussit même ce qu'il cherche vainement à accomplir depuis 10 ans : une forme de transparence entre ce que l'acteur représente aux yeux du spectateur et le personnage qu'il incarne à l'écran. Ici, Bellucci est autant cette prostituée trop belle pour être possédée que cette comédienne intouchable, beauté italienne brûlante au corps parfait. Cette mise en abyme-là , sur un scénar' correctement torché et des dialogues verts comme il faut, avec en bonus un Depardieu impressionnant, fait croire un temps que Blier va retrouver le brio absurde et mélancolique de Notre histoire (avec lequel le film partage pas mal de points communs). Mais au fur et à mesure tout se délite, Blier retombe dans ses vieux travers (notamment le personnage de la voisine arabe, à la limite du racisme), perd la belle rigueur de son début prometteur et laisse Combien tu m'aimes ? sombrer lentement dans le chaos. Les fins de film n'ont certes jamais été son fort, mais on ne sait trop si cette œuvre totalement déséquilibrée est en définitive une bonne ou une mauvaise nouvelle... CC