Serenity
de Joss Whedon (EU, 1h50) avec Nathan Fillion, Gina Torres...
Prolongement sur grand écran d'une série (Firefly) sabordée sur le petit, Serenity s'adresse en priorité, reconnaissons-le, aux fans du programme télévisé originel. Ces derniers y retrouveront vraisemblablement leur lot de réponses, "d'approfondissement de caractères", voire leurs personnages secondaires chéris. Pour ce qui est des novices, par ailleurs peu rassurés de voir le créateur de Buffy à la réalisation, c'est une autre paire de manche. Il faut reconnaître à Joss Whedon un petit effort dans sa mise en scène, d'où émergent à l'occasion de bien belles fulgurances (les climax finaux, très élégamment torchés). Mais très honnêtement, difficile d'être entièrement convaincu par une mise en forme généralement très plan-plan, par un script optant pour une pédagogie souvent lourdingue au lieu d'imposer ouvertement son univers, ou enfin par des acteurs visiblement engoncés dans leurs formats télé (mention spéciale à Sean Maher, aussi crédible en médecin de bord que, disons, Dany Boon en champion de capoeira). Sans l'éclairage narratif de la série originale, Serenity ne devient qu'un blockbuster poussif de plus ; mais il est vrai que pour s'affranchir avec brio des standards télévisuels, il faut au moins s'appeler David Lynch (Twin Peaks, Fire walk with me, Mulholland Drive) ou même Kinji Fukasaku (l'incroyable Les Evadés de L'espace d'après la série San Ku Kaï, un space-opera débile mais autrement plus jubilatoire). FC