"Recording a tape the colour of the light" (Rough Trade/PIAS)
Cet album magnifique est comme le trait d'union entre les productions rock arty du label Constellation et les envolées pop libres et lyriques d'Arcade Fire. Rien d'étonnant à cela, puisque deux membres de Bell orchestre se sont échappés d'Arcade Fire, et que ce projet rejoint les ambitions des meilleures formations du prestigieux label de Montréal. Mais là où Constellation fait souvent dans le Canada dry (sec et froid), Bell orchestre travaille son rock instrumental avec une chaleur peu commune. La contrainte de départ (aucune guitare, mais tous les instruments et les sons possibles à la place) se transforme vite en symphonie démesurée qui tend autant vers la musique contemporaine que vers certains sorciers électroniques. On se retrouve à écouter ces morceaux d'une ampleur sonore inouïe comme des petits classiques instantanés, riches d'une ferveur mélodique et d'arrangements complexes mais jamais gratuits. Un violon qui vibre derrière des trompettes en émoi soulignées par une légère ligne de violoncelle, un beat électro qui vient donner un tempo inattendu vite relayé par une batterie échappée d'un groupe rock, le tout perdu dans des espaces sonores inédits (près d'un canal, dans un tunnel...) : Bell Orchestre compose la musique de chambre du XXIe siècle, une musique qu'on dirait écrite pour célébrer les nouveaux paysages urbains et la vie moderne, entre joie et inquiétude, candeur et lucidité.CC