Les âmes grises
d'Yves Angelo (Fr, 1h46) avec Jean-Pierre Marielle, Jacques Villeret, Denis Podalydès...
L'adaptation d'une œuvre littéraire pose toujours la question de savoir ce que le nouveau support apporte à la création originelle. Dans le cas des mes grises, la réponse est... pas grand-chose. L'action se déroule dans une petite ville de l'est de la France pendant la première guerre mondiale ; un conflit qu'Yves Angelo choisit de ne pas montrer (ou presque) pour exacerber ses conséquences sur les destins individuels de ceux qui sont apparemment épargnés par l'horreur. Un juge sans pitié (Villeret, magnifique de cruauté), un procureur mutique (Marielle, tout en intériorité) et un flic dépassé par les événements (Podalydès, bouleversant) s'affrontent autour du meurtre d'une fillette du village. Ces acteurs impeccables montrent avec force la contagion du mal, le traumatisme d'une guerre hideuse et l'impossibilité de vivre à son contact, mais l'intelligence du casting n'efface pas l'absence criante d'idées cinématographiques. Le film, décevant, se contente d'une transposition forcée et peu imaginative du précieux roman de Philippe Claudel. Superflu, donc. YN