The taste of tea

Mercredi 8 juin 2005

de Katsuhito Ishii (Japon, 2h23) avec Maya Banno, Tadanobu Asano...

La famille Haruno vit dans une maison légèrement reculée. La mère dessine des mangas, le père pratique l'hypnose, l'oncle glande, le grand-père fait n'importe quoi, le fils tombe amoureux, la fille veut se débarasser de son double géant envahissant. Loin de s'embrouiller au beau milieu de ce kaléidoscope de personnages très joliment siphonnés, Katsuhisto Ishii enchevêtre leurs péripéties avec rigueur et un talent pictural indéniable. Le ton est donné dès la splendide première séquence, dont l'apparente banalité bascule très vite vers un onirisme unique, donnant le tempo d'un conte familial aux penchants comiques et merveilleux. The taste of tea, c'est en quelque sorte la rencontre parfaite entre Ozu, Kitano et le Miyazaki de Mon voisin Totoro, assortie d'un plaisir de spectateur continu et sans cesse renouvelé par moult trouvailles visuelles. Laissez infuser une demie heure, et un univers à l'imaginaire foisonnant se construit devant vos yeux, imposant ses propres logiques narratives, rebondissant allègrement sur ses respirations et ses gags jamais hors de propos, faisant aimer chaque scène un peu plus que la précédente. Au-delà de ses atours purement délirants, la force de The taste of tea est de toujours laisser une porte ouverte pour une émotion diffuse, qui reprendra ses droits dans une conclusion tragique mais apaisée, non sans achever le conte d'un ultime tour de passe-passe esthétique. Drôle sans être lourdingue, émouvant sans être plombant, d'une beauté plastique souvent renversante, le meilleur argument pour défendre le film demeure ce sourire béat qui ne manquera pas d'illuminer votre visage au sortir de la projection. FC