Papa

Mercredi 8 juin 2005

de Maurice Barthélémy (Fr, 1h18) avec Alain Chabat, Martin Combes, Yael Abecassis...

On ne saura pas pourquoi ils font la route ensemble, et c'est très bien comme ça. Un papa pas tout à fait grandi (Chabat faisant des doigts en chantant Antisocial dans sa Volvo) sillonne les autoroutes avec son gamin pas tout à fait petit (santiags aux pieds et questions faussement naïves). Pour son deuxième film, Maurice Barthélémy n'évite pas toujours les pièges du court métrage étiré, réduisant parfois la première partie de son Papa à un road movie à sketchs (je te tiens par la capuche pour pisser comme un grand dans l'urinoir) où les citations de films qu'il aime viennent combler le vide passager (la scène des noms de gâteaux pompée sur Pulp fiction, où la voiture et l'autoroute tout droit revenues de Tandem de Patrice Leconte). Mais à partir de ce duo universel, il réussit par touches discrètes à faire exister les petits riens qui les unissent. C'est aussi l'étrangeté qui fait la complicité, et ces moments d'un trajet suspendu dans le temps sont autant de visages quotidiens de la découverte : se découvrir père pour l'un, découvrir la fraîcheur de l'inédit de l'autre, découvrir aussi qu'on porte en silence le même poids d'un drame passé. Cette comédie familiale se meut alors en mélo retenu, et sans jamais trop en faire, Maurice Barthélémy parvient à arracher à Chabat, décidément parfait dans les rôles dramatiques, quelques jolies émotions de masculinité faillie. LH