BASTIEN LALLEMANT "Les Érotiques" (Tôt ou tard/WEA)

par
Mercredi 27 avril 2005

Il y a deux ans, au seul mérite d'une guitare et d'une voix, Bastien Lallemant nous titillait avec ses Premiers instants célébrant la rencontre fantasmée entre Georges Brassens et Dominique A. Pour son retour avec tambours et trompettes (un groupe brillamment mené par ce cher Albin de la Simone l'épaule), l'homme semble emprunter à nouveau la voie défrichée il y a dix ans (et aussitôt désertée !) par le grand A et sa Mémoire neuve. Celle d'une chanson aux mots élégamment pudiques, aux inflexions vocales faussement empruntées et au charme orchestral désuet. Autre grand fantôme à s'inviter aux premières écoutes, celui du jeune Gainsbourg, ivre de mélodies jazz et de rythmes chaloupés. Une pluie de références et autres ascendances dont on finit vite par se foutre, tant les chansons de Bastien Lallemant imposent, avec tact et naturel, leur personnalité et leur évidence. Madame Liste, Les Tenues Anglaises, Les Cœurs d'occasion... Comme le chantent si bien Les Bijoux, Les Érotiques sont de petites pièces d'orfèvrerie où chaque mot, choisi avec délicatesse, est déposé en un écrin mélodique de premier choix ; la voix, si hantée soit elle (Serge A, Dominique G ?!), enveloppe le tout de sa touchante justesse. Paraphrasant L'après-midi et son évocation subtile d'une intimité amoureuse naissante, on dira qu'avec un certain sens de la lumière et de la retenue, Bastien Lallemant honore dignement ses pères, adressant au passage un élégant bras d'honneur à Monsieur Œdipe...EA