Robots

Mercredi 13 avril 2005

de Chris Wedge (EU, 1h30) animation

Après son très réussi ge de glace, Chris Wedge confirme avec Robots qu'il tient largement la distance face aux studios Pixar. La comparaison est ici d'autant plus évidente que Wedge s'amuse des mêmes paradoxes que la bande à Lassetter : comment rendre réel ce qui ne l'est pas par le biais d'une technologie virtuelle. Le principe ? Plaquer du vivant sur du mécanique. Robots regarde donc ses héros en ferraille comme des assemblages d'émotions, de désirs et de paroles très humains ; sur ce point le film est tout à fait convaincant, mieux, crédible d'un bout à l'autre, du décor jusqu'aux personnages. L'introduction en particulier, qui voit la naissance de Rodney dans une famille de robots prolo, est assez merveilleuse dans ses doubles sens : l'accouchement est ici pris dans l'acception littérale de delivery, "livraison", la naissance devient un grand mécano et le choix du sexe de l'enfant se transforme en circoncision accidentelle ! Wedge jongle ainsi avec maestria entre ce qu'il montre et ce que nous voyons en transparence derrière cette longue métaphore (exemple, la déchéance physique du père de Rodney). Robots peut alors se lire à tous les niveaux : fable humaniste à la Capra sur le succès généreux contre l'arrivisme humiliant, conte socio-politique sur la revanche des exclus contre les parvenus (sur ce point, le film est cependant génial de complexité, le méchant étant lui-même un "pauvre" qui réalise le fantasme d'ascension sociale de sa matrone de "mère" en exploitant les classes laborieuses) ou simple divertissement luxueusement bricolé avec un soin d'orfèvre. Christophe Chabert