La Blessure

Mercredi 13 avril 2005

de Nicolas Klotz (Fr, 2h40) avec Noëlla Mossaba, Adama Doumbia...

Ambitieux désir que celui de Nicolas Klotz : suivre le destin d'une poignée de clandestins, d'abord coincés à l'aéroport de Roissy, puis finalement "enfermés" dans une autre réalité, celle d'un squat insalubre où la peur du blanc et l'avenir incertain deviennent une nouvelle aliénation. Ambitieuse aussi, la mise en scène adoptée par le cinéaste : une reprise des grands préceptes de Robert Bresson, focale unique, jeu apathique des acteurs, cadres implacables... Dans sa première heure, celle à l'aéroport, le film est vraiment impressionnant : l'injustice brutale de la situation est redoublée par cette manière de transformer cinématographiquement des vies en "petits morceaux d'espaces recomposés". En revanche, quand La Blessure s'attache à décrire le quotidien de ses sans-droits, Klotz achoppe sur cette rigidité formelle et surtout sur une durée peu justifiable, sinon quand on la met en perspective avec les dernières scènes, retour à l'air libre qui agit comme une respiration après une longue période de claustration. Double mouvement qui fait d'une posture auteuriste une force puis une faiblesse, puis à nouveau une force, signe d'un cinéaste au diapason de son sujet, signe d'un film qui ne se balaie pas facilement de la mémoire. CC