Va, vis et deviens
de Radu Mihaileanu (Fr, 2h20) avec Yaël Abecassis, Roschdy Zem...
En 1984, des milliers d'africains fuyant leurs pays se retrouvent dans des camps précaires au Soudan. Passé ce troublant rappel d'une parenthèse "oubliée" de l'histoire, l'ouverture du nouveau film de Radu Mihaileanu scotche d'emblée. Au milieu d'un de ces camps, une mère chrétienne enjoint son fils à l'abandonner, à se faire passer pour l'enfant d'une autre et profiter ainsi du rapatriement de juifs éthiopiens vers Israël. Dans ce pays dont il ignore tout, forcé de se faire passer pour un orphelin juif, Schlomo va grandir et se forger une personnalité motivée par la quête de ses racines. Dans un souci de dramatisation optimale de son récit, Mihaileanu opte pour une structure en trois actes, lorgnant vigoureusement du côté de l'épopée existentielle, la toile de fond socio-politique en invariable ligne de mire. C'est la première partie du film, suivant l'enfance chaotique de Schlomo au sein d'une paisible famille israélienne "de gauche", qui retient le plus l'attention. Puissance incroyable du (très) jeune interprète, thématiques fortes se recoupant avec cohérence et surtout une justesse de tous les instants, autorisant le film à alterner les séquences joliment décalées et d'autres plus dramatiques avec la même maestria. Le second acte montre quant à lui quelques faiblesses, alignent des scènes moins pertinentes au vu des enjeux posés dans la tétanisante entrée en matière, avant que la dernière partie ne revienne cibler le débat. Dans la catégorie ingrate des films "nécessaires", Radu Mihaileanu nous livre ici une œuvre attachante, parfois plombée par ses digressions, mais refusant de tomber dans le démonstratif. FC