Crustacés et coquillages
d'Olivier Ducastel et Jacques Martineau (Fr, 1h33) avec Valeria Bruni-Tedeschi, Gilbert Melki, Jean-Marc Barr...
On assiste depuis quelques années en France à la naissance d'un genre : le film-de-fiction-de-vacances-gay. Souvenez-vous de Presque rien et du Clan, puis découvrez, éberlués, Crustacés et coquillages du tandem Ducastel et Martineau, définitivement passés du côté obscur de la force cinématographique. Dans ce vaudeville à la plage où l'être ou ne pas être pédé fait figure de questionnement métaphysique entre les mots croisés de Télé 7 jours et le dernier Dan Brown, on ne sait plus ce qui relève de la maladresse ou de la vendetta aigre déguisée en carnaval queer. Car derrière le vernis écaillé de la fantaisie (jamais drôle et toujours épouvantablement filmée : la caméra tremble sans raison, même lors d'un plan "fixe" depuis le jardin sur l'ouverture d'une fenêtre !), les deux cinéastes avancent avec de gros sabots : un hétéro, ça ne sait pas faire jouir sa femme, ça ne sait pas draguer, c'est conventionnel ; un homo, c'est libre, c'est joyeux, c'est un bon coup... Le constat, d'abord vaguement ambigu, devient limpide une fois les cartes sexuelles redistribuées : les mâles hétéros auront une vie de merde et tant pis (bien fait ?) pour eux. Si, au fond, on est prêt à reconnaître notre bisexualité naturelle, on digère mal qu'un film aussi bâclé nous en intime l'ordre ! Pas d'hésitation cette semaine : le seul vrai beau film siglé Têtu, c'est Mysterious skin... CC