Ray
de Taylor Hackford (EU, 2h32) avec Jamie Foxx, Kerry Washington...
Dur dur de trouver des raisons d'aimer ce biopic boursouflé et hagiographique sur Ray Charles, tant il cumule toutes les tares du genre. Son plus grand défaut est de ne jamais remettre en question le présupposé de départ : Ray Charles est génial, Ray Charles est généreux, Ray Charles est courageux... Même quand à l'écran débarquent des faits qui pourraient insinuer le doute (la came, l'obsession du fric, l'infidélité compulsive et une certaine dépolitisation), Hackford embraye sur une séquence à la gloire du personnage qui vient recouvrir ses zones d'ombre. Comme si ça ne suffisait pas, Ray fonce tel un taureau ivre sur le chiffon rouge du cinéma américain qui traite de la création artistique (voir aussi cette semaine Neverland) : ne peut être artiste que celui qui a souffert dans sa chair (la cécité) et dans son âme (le deuil d'un frère cadet). Cette vision simpliste et psychologisante n'est pas aidée par une mise en scène qui aime beaucoup les truismes cinématographiques (flashbacks sépias, fondus enchaînés avec coupures de presse pour souligner le succès grandissant...). La coupe est pleine, et ce n'est même pas la peine de discuter la valeur musicale de l'œuvre de Ray Charles et son opportunisme (à un moment, un personnage parle de "soupe" ; a-t-on le droit d'être d'accord avec lui ?) puisque le film s'en moque : si ça marche, c'est que c'est bien, et basta... Quant à Jamie Foxx, acteur remarquable (revoyez Collatéral...), il se contente ici de singer son modèle grimaçant, histoire de ne pas se faire emmerder avec la comparaison, et se coule donc aisément dans la médiocrité générale de ce film presque... irregardable.CC 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                    
