Chok-Dee

Publié Mercredi 23 février 2005

de Xavier Durringer (Fr, 1h45) avec Bernard Giraudeau, Dida, Florence Vanida Faivre...

Dida, de l'enfer de la banlieue à Hollywood : le titre du livre dont est tiré le film sent bon la success story à deux euros cinquante, traditionnellement vendue dans des livres grands formats qui coûtent dix fois plus chers. Vera Belmont, à qui l'on doit l'inénarrable Marquise avec Sophie Marceau, a flairé le bon coup. On aura eu chaud : elle produit et écrit pour partie l'adaptation de cet énième livre sur un rêve de banlieue, mais a renoncé à le réaliser. Xavier Durringer, dont l'honnêteté n'est plus à démontrer après ses deux premiers films (La Nage indienne et J'irais au paradis car l'enfer est ici), s'est réapproprié le projet en lui apportant éthique et réalisme. Exit le rêve hollywoodien et la notoriété. D'un scénario débile (je sors de ma cité et je vais connaître l'amour et la gloire en niquant tous les Thaïlandais), il réussit à tirer l'essentiel : le parcours initiatique, mental et physique, pour devenir un grand sportif de la boxe thaï. La découverte de la Thaïlande, du camp d'entraînement (véritable) dans lequel se déroule le cœur du film, et le réalisme des combats (loin des plans à l'épate d'un Besson qui découpe les gestes en micro-seconde pour faire illusion de mouvement) constituent l'originalité et la force du projet. Dida est alors filmé pour ce qu'il est : un grand champion, auquel Giraudeau apporte un contrepoint on ne peut plus crédible. Dommage alors que l'histoire d'amour totalement neuneu écrite par Belmont vienne polluer au finale cette épopée sportive, alors que les rapports d'amitié avec l'aide de camp incarné par l'épatant Lakshan (tout droit revenu de Ma Femme s'appelle Maurice, on fait ce qu'on peut) étaient autrement plus justes et ambivalents.Luc Hernandez