Chok-Dee
de Xavier Durringer (Fr, 1h45) avec Bernard Giraudeau, Dida, Florence Vanida Faivre...
Dida, de l'enfer de la banlieue Ă Hollywood : le titre du livre dont est tirĂ© le film sent bon la success story Ă deux euros cinquante, traditionnellement vendue dans des livres grands formats qui coĂ»tent dix fois plus chers. Vera Belmont, Ă qui l'on doit l'inĂ©narrable Marquise avec Sophie Marceau, a flairĂ© le bon coup. On aura eu chaud : elle produit et Ă©crit pour partie l'adaptation de cet Ă©nième livre sur un rĂŞve de banlieue, mais a renoncĂ© Ă le rĂ©aliser. Xavier Durringer, dont l'honnĂŞtetĂ© n'est plus Ă dĂ©montrer après ses deux premiers films (La Nage indienne et J'irais au paradis car l'enfer est ici), s'est rĂ©appropriĂ© le projet en lui apportant Ă©thique et rĂ©alisme. Exit le rĂŞve hollywoodien et la notoriĂ©tĂ©. D'un scĂ©nario dĂ©bile (je sors de ma citĂ© et je vais connaĂ®tre l'amour et la gloire en niquant tous les ThaĂŻlandais), il rĂ©ussit Ă tirer l'essentiel : le parcours initiatique, mental et physique, pour devenir un grand sportif de la boxe thaĂŻ. La dĂ©couverte de la ThaĂŻlande, du camp d'entraĂ®nement (vĂ©ritable) dans lequel se dĂ©roule le cœur du film, et le rĂ©alisme des combats (loin des plans Ă l'Ă©pate d'un Besson qui dĂ©coupe les gestes en micro-seconde pour faire illusion de mouvement) constituent l'originalitĂ© et la force du projet. Dida est alors filmĂ© pour ce qu'il est : un grand champion, auquel Giraudeau apporte un contrepoint on ne peut plus crĂ©dible. Dommage alors que l'histoire d'amour totalement neuneu Ă©crite par Belmont vienne polluer au finale cette Ă©popĂ©e sportive, alors que les rapports d'amitiĂ© avec l'aide de camp incarnĂ© par l'Ă©patant Lakshan (tout droit revenu de Ma Femme s'appelle Maurice, on fait ce qu'on peut) Ă©taient autrement plus justes et ambivalents.Luc Hernandez