Les conséquences de l'amour

Mercredi 23 février 2005

de Paolo Sorrentino (Ita, 1h50) avec Toni Servillo, Olivia Magnani...

Voilà un bien étrange objet filmique, dont le Grand Prix obtenu au Festival du Film Romantique de Cabourg ajoute à la confusion ressentie à sa vision. La première heure du film, maintenue opaque grâce à une mise en scène diablement efficace, nous fait vivoter au gré du quotidien de Titta Di Girolamo, mystérieux quinquagénaire hantant le même hôtel depuis huit ans. Il fuit le regard de la serveuse du bar, livre une valise de temps à autre, se fait un shoot d'héroïne par semaine, chaque mercredi à 10h. Au fur et à mesure que l'intrigue se dévoile, l'intérêt se déplace astucieusement sur ses enjeux émotionnels. Paolo Sorrentino se livre ici à un jeu d'équilibriste narratif de haute volée, fait pencher ses Conséquences du côté de la chronique sentimentale traitée comme un film de genre. Le résultat, une sorte de Wong Kar-Wai italien tourné en Suisse avec des vieux, sur une bande originale violemment décalée (de Mogwai à Boards of Canada en passant par le Grand Popo Football Club), est pour le coup bien déstabilisant. Mais l'interprétation sans faille de Toni Servillo, remarquable en "homme qui n'était pas là", efface systématiquement les réserves d'un film qui se laisse parfois déborder par ses envies cinématographiques pressantes. FC