La Promenade

Mercredi 21 novembre 2007

Actrice chez Ozon et Bonitzer, réalisatrice de courts cultes et d'un premier long pas tout à fait abouti mais singulier (Dans ma peau), Marina de Van s'affirme avec La Promenade comme une personnalité à suivre de près dans le cinéma français. Le jour du mariage de David (Gilbert Melki, acteur français de l'année, c'est maintenant certain), son père, octogénaire atteint de la maladie d'Alzheimer, lui demande "une femme". Plutôt que de laisser glisser la phrase dans les rets de la mémoire défaillante de son géniteur, David va s'en obséder jusqu'à tout faire pour réaliser ce fantasme. C'est la grande idée du film : non pas tergiverser sur la portée morale de ce qu'il filme (un vieux avec une pute, pour le dire clairement), mais s'attarder beaucoup plus longuement sur le comportement bizarre de ce fils crispé, angoissé, attentionné jusqu'à la maladresse, trouvant dans la situation l'occasion de faire un dernier geste d'amour envers ce père en pleine régression. Marina de Van, cinéaste romantique au sens le plus premier du terme, abat ici un peu plus les cartes qu'elle avait déjà laissé deviner avec Dans ma peau : pour elle, le désir et l'amour sont deux entités distinctes qui se croisent sans jamais se recouvrir l'une et l'autre, et ce sont leurs zones de jonction qui créent l'obsession. Le désir sexuel du père, le désir de reconnaissance du fils, tout cela renvoie à un amour fragile et incertain, mais vital. La Promenade emprunte ainsi un chemin tortueux pour aboutir à un moment de partage d'autant plus bouleversant qu'il pourrait bien être le dernier. C'est, de toute évidence, un des grands films de ce 28e festival... CC