Chocs 70'S

Mercredi 5 décembre 2007

Pour son nouveau Cinéma de quartier, le Théâtre 145 propose deux films phares, jusqu'au-boutistes et dénués de tabous, typiques d'un certain cinéma américain des années 70. Damien Grimbert

Si Massacre à la tronçonneuse, réalisé par Tobe Hooper en 1974, doit beaucoup de sa réputation sulfureuse à son titre pour le moins explicite, ce dernier est également à l'origine d'un profond contresens quant à la nature même du film. Loin des effusions d'hémoglobine, des viscères déversées par baquets, et de l'accumulation de scènes-choc propre aux films gore, Massacre... s'avère en réalité un concentré de sécheresse narrative, d'ambiance malsaine, et d'atmosphères surréelles d'une puissance formelle absolument terrassante. Où ce que l'on entend et imagine hors écran s'avère au final bien plus effrayant que ce que l'on veut bien nous laisser entrevoir. Soit cinq adolescents, perdus au cœur d'un Texas sauvage et écrasé par une chaleur caniculaire, confrontés à un tueur détraqué, principal fournisseur en chair humaine de sa famille dégénérée et cannibale. Un voyage au bout de l'horreur la plus ultime, dont on ne verra pourtant à l'écran qu'une ou deux gouttes de sang, mais dont l'approche hyperréaliste crée un malaise croissant, à la lumière duquel les vingt minutes d'hystérie filmiques finales apparaissent "presque" libératrices. Tobe Hooper n'explique rien, ne montre pas grand-chose, mais réussit par la seule force évocatrice de son cinéma à nous embarquer cœur et âme dans son récit pendant 1h30. Quel infime pourcentage de films d'horreur peut seulement s'en prévaloir ?Naïveté vs barbarieRéalisé deux ans auparavant, en 1972, La dernière maison sur la gauche, première réalisation de Wes Craven (Les griffes de la nuit, Scream...) ne prétend pas à la même maestria formelle, et ne fait pas franchement dans la subtilité non plus. Pour autant, son mépris total des tabous les plus élémentaires, et le climax démentiel dans lequel il nous entraîne progressivement permettent presque de faire fi de sa roublardise. Adolescente modèle et épanouie, joie de vivre quotidienne d'une famille bourgeoise et cultivée, Mary va être confrontée, lors d'une virée en ville aux côtés de son amie Phyllis, à son exacte antithèse : une bande de criminels beaufs, stupides, sadiques, et dégénérés. Successivement kidnappées, humiliées, battues, torturées, violées et finalement abattues d'une balle en pleine tête, les deux filles sont, comble d'ironie malsaine, suppliciées à quelques centaines de mètres seulement de la maison de Mary. La fameuse "dernière maison sur la gauche", dans laquelle les criminels vont finir par rencontrer leur destin en la personne des parents de la jeune fille. Refusons d'emblée toute hypocrisie : La dernière maison... n'est pas un film moralement défendable, et l'affrontement entre le bien et le mal ultime au cœur du film, est bien plus prétexte à choquer / appâter le chaland, qu'à une quelconque réflexion philosophique. Mais pour ceux qui se moquent complètement du politiquement correct et sont simplement à la recherche d'une expérience cinématographique limite et outrée, le film est un incontournable.Cinéma de Quartierlun 3 déc dès 19h, au Théâtre 145