Les Femmes de ses rêves

Mercredi 12 décembre 2007

de Peter et Bobby Farrelly (ÉU, 1h45) avec Ben Stiller, Michelle Monaghan...

Précurseurs d'une comédie trash, sexuelle, incorrecte et néanmoins humaniste, les frères Farrelly ont failli voir leur magot dérobé par plus malins qu'eux. Les Femmes de ses rêves semble avoir été tourné pour rappeler qui sont les patrons, même si ce retour en grâce se fait avec une certaine force tranquille. Maturité, oserait-on dire, si le charme de leur cinéma n'était depuis toujours son côté adolescent, sinon enfantin. Le début du film, où Eddie, célibataire à quarante ans, rencontre celle qu'il croit être son âme sœur (la superbe Malin Akerman, révélation incontestable), est ainsi mis en scène avec une fraîcheur, un sens de l'ellipse et du récit qui rappelle la comédie hollywoodienne la plus classique. Évidemment, quand Eddie découvrira que la femme de ses rêves n'est en fait qu'un vulgaire mélange de furie sexuelle et de midinette castratrice, il lui préfèrera une jolie redneck (Michelle Monaghan, pas mal non plus) en vacances avec sa famille dans un coin à touristes friqués du Mexique. Et les frangins de sortir leurs désormais rituels gags scatos, ici particulièrement jouissifs et provocateurs. Si Les Femmes de ses rêves est la comédie la plus drôle que l'on ait vu depuis des lustres sur grand écran, il ne faut pas passer à côté de ses nombreux doubles sens, à commencer par l'insistance pas innocente pour un rond sur l'homosexualité. Si tout le monde se traite de gay sans que personne ne le soit vraiment, tout en soupçonnant une offense politiquement incorrecte, les Farrelly cherchent surtout à toucher du doigt le malaise face à la différence, réelle ou fantasmée. C'est par l'expérience de l'altérité qu'Eddie fera d'ailleurs son apprentissage d'homme mûr : transformé en immigrant mexicain subissant les pires humiliations pour franchir la frontière américaine, il renonce à sa fierté de Wasp condescendant par amour. La morale est sauve ? Pas tout à fait car celle-ci semble surtout s'incarner dans le père d'Eddie, vieillard qui pense encore avec un certain bon sens que l'important dans la vie, c'est de «défoncer des chattes». Ce qui, en ses temps de puritanisme larvé, ne fait pas de mal à entendre !CC