Death Note 1/2

Mercredi 16 janvier 2008

de Shusuke Kaneko (Japon, 2h06 / 2h20) avec Tatsuya Fujiwara, Ken'ichi Matsuyama...

Le manga Death Note créé par Tsugumi Ôba et Takeshi Obata décrivait, en 108 chapitres édités durant trois ans, une histoire particulièrement retorse. Light Yagami, ado d'une intelligence redoutable, entre en possession d'un Cahier de la Mort. Un objet démoniaque, abandonné sciemment par une créature d'un autre monde, qui permet à son détenteur humain de tuer n'importe qui en y inscrivant le nom de la personne à éliminer. Fort de cette trouvaille, qui révèle son mode d'emploi au compte-goutte, Light décide de supprimer tous les criminels mondiaux au nom d'une justice divine et dissuasive lourdement ambiguë. La police est totalement désemparée, et fait donc appel au mystérieux L, enquêteur d'une roublardise machiavélique (en fait, un ado taciturne fan de snacks). Réflexion intensément paradoxale sur les confrontations de différentes acceptions de la justice, le manga comme sa très fidèle adaptation animée dispensaient leur quota d'intrigues nébuleuses, de personnages complexes bringuebalés entre passion et raison, qui développaient sur la durée des liens passionnants. Pour le passage sur grand écran, une somme colossale d'erreurs artistiques s'accumule pour donner naissance à du blockbuster dénué de toute saveur. Le scénario devient d'une linéarité confondante et évacue toutes les équivoques du matériau de base (ce qui rend son propos simpliste et douteux), la mise en scène est confiée à un artisan plus à l'aise avec de grosses bestioles (Godzilla et Gamera en particulier) qu'avec des humains en plein dilemme moral, les effets spéciaux digitaux (les Shinigamis en tête) sont d'une laideur repoussante et les deux acteurs principaux sont des beaux gosses tête à claque, plus préoccupés par leurs mèches rebelles que par les enjeux de l'intrigue. Ce nivelage drastique par le bas est malheureusement devenu la norme dans le cinéma grand public nippon et le succès phénoménal des deux films dans toute l'Asie risque d'engoncer les costards cravates japonais dans cette logique dévastatrice pour bon nombre d'années. FC