Jamais sans piano

par
Mercredi 24 octobre 2007

Classique / Pour la troisième édition de Piano à Lyon, Jérôme Chabannes, fondateur et directeur artistique a concocté un programme qui peut dignement rivaliser avec certains festivals européens. Pascale Clavel

Neuf rendez-vous de haute tenue, jouissifs et vivifiants autour du piano qui ont de quoi séduire un vaste public par la diversité et le dynamisme des artistes invités. Des rencontres chaleureuses presque entre amis, c'est le souhait de Jérôme Chabannes pour chacune des manifestations qu'il a programmées dans le cadre de Piano à Lyon. Un pari réussi pour la plus grande joie des mélomanes presque déroutés par tant de moments de qualité à la bonne franquette. Les Lyonnais bénéficient pour la troisième saison d'une chance inouïe : ils vont entendre chaque mois, dans cette salle Molière à l'acoustique raffinée, les pianistes actuels les plus talentueux. L'édition 2007-2008 fait la part belle à la génération des trentenaires impétueux : pour exemple, François-Frédéric Guy fera entendre en février trois sonates de Beethoven, ses partitions de prédilection, sa «bible». Jérôme Chabannes a la fierté humble et souriante, il sait que la reconnaissance de Piano à Lyon ne cesse de croître, il sait aussi la fragilité de cet ambitieux projet. Après les deux saisons passées, il dresse un bilan plutôt positif : «Il n'existait rien à Lyon autour du piano. Je voulais créer une saison avec des artistes internationaux dans un endroit propice à ce genre de manifestation. Sur les deux saisons, nous avons rempli tous les concerts avec un public jeune et nouveau chaque fois».Vers l'ouverture...Le coup d'envoi de cette saison se fera lors d'une soirée dédiée à Schubert. En premier lieu, le public pourra entendre la sonate Reliquie. Œuvre rarement programmée et interprétée ici par Michel Dalberto dont on connaît par avance l'exigence musicale et l'intelligence de jeu. Puis, comme un cadeau attendu depuis longtemps par tous les «Schubert-addicts», le cycle du Winterreise sera donné dans son intégralité. Il est de plus en plus rare d'entendre en France un cycle complet de Lieder. Winterreise est conçu comme un long et douloureux voyage initiatique. Un voyage d'hiver comme en ont parlé tous les romantiques : un hiver de l'âme, un hiver glaçant du dedans sous couvert de celui enneigé et sombre du dehors. Il s'agit, en 24 Lieder de monter l'état glacial de la condition humaine. L'équilibre est souvent difficile à trouver entre le piano et la voix tant Schubert crée pour chaque Lied un véritable duo : le piano n'accompagne jamais la voix, la voix n'évince jamais le chant du piano. Le baryton Stephan Gens saura sans aucun doute aborder ce cycle avec l'humilité nécessaire face aux textes puissants de Müller ; sa complicité avec Michel Dalberto est de bonne augure musicale. Existerait-il une façon de faire oublier, le temps d'un concert, l'incontournable duo Fischer- Diskau-Gérald Moore ?Concert d'ouvertureÀ la Salle MolièreVendredi 19 octobre à 20h30 (04 78 47 87 56)