Chaos de nuit

Photo : (c) Demeure du Chaos
Visite / Saint-Romain au Mont d'Or, samedi 19h. Sur une place vide, une grappe d'adolescents, lestés de canettes de bières, trottine vers la grand-messe du rugby. Nous nous dirigeons vers un autre type de rituel : la soirée de performances organisée à la Demeure du Chaos dans le cadre de sa biennale «off» (jusqu'au 31 décembre, infos sur www.demeureduchaos.org). Passée l'entrée (où l'on nous demande en vain codes et mots de passe), on se retrouve parmi une faune qui a joué le jeu du «dress code» imposé : une femme masquée avec manteau en poils de yeti passé à la javel, deux filles vampires qui ont cassé leur tirelire au rayon maquillage du Printemps, un type au collier clouté discutant boulot avec son voisin, d'autres aux fringues issues d'un croisement subtil entre la tenue de Dark Vador et le skaï SM... Il y a aussi des gens comme vous et moi, en jean et pull, et même un gosse qui piaille à côté de la buvette. L'ambiance est donc plutôt bon enfant au milieu d'avion et d'hélicoptère crashes et autre navire fantomatique. On reçoit ensuite l'hostie des mains même du maître des lieux : une pilule dont Thierry Erhmann vérifie l'absorption par une petite échographie du gosier. Et découvrons soudain une belle cavalière nue fendant la foule de sa monture blanche. Des Dj's s'animent, Artaud donne de la voix, et un groupe de performeurs enturbannés de bande stérile s'adonnent à un show mi-tribal mi-psychiatrique entre des lits d'hôpitaux. Rien de révolutionnaire, mais efficace. Dans un bunker, les choses virent à la messe post-Orlan un peu lourdingue avec un chirurgien tatoué retirant puis replaçant des implants sous-cutanés à sa patiente nue. On sort prendre l'air et percevons au loin la voix chaude et totalement anachronique du groupe Von Magnet sur des accords flamenco déglingués... Bizarre pour les uns, ludique pour les autres, ce genre de soirée s'avère somme toute une bonne entrée pour découvrir de nuit l'intrigante Demeure. JED